Kali, Déesse de la vie, de la mort et de la transcendance [1] | Rat Holes

Quelques notes sur Kali

Le nom de Kali dérive du mot kala, le temps et signifie également « noir » en sanskrit. À l’époque des Veda (dont la rédaction court du 15e au 5e siècle avant notre ère), Kali est le nom de l’une sept langues enflammées du dieu Agni. Certains disent qu’elle est la septième langue, la plus noire (kali) et la plus terrible.

Agni fut l’un des plus importants dieux du panthéon védique. Il incarne le feu ou plutôt les différentes formes de feu (sacrificiel, protecteur, destructeur, du foyer, etc.). Il est représenté assis sur un bélier. Sa couleur est le rouge. Il a deux visages, sept langues de feu et des dents en or. Il symbolise parfois l’étincelle de vie. Agni est considéré comme un intermédiaire entre les dieux et les hommes, il transmet, par exemple, les offrandes (qui sont brûlées). Gardien du Sud-est, il fait partie des Dikpala, les gardiens des points cardinaux.

Kali semble apparaître, pour la première fois, comme déesse à part entière vers 400-500, dans un texte intitulé Devi Mahatma (la gloire de la déesse). Il y est rapporté que Kali émerge du front de la déesse Durga, la tueuse de démons. Dans la troisième et dernière partie du Devi Mahatmya, Durga émet un flux d’énergie psychique qui donne naissance à Kali. Celle-ci s’empresse d’aller décapiter les démons Chanda et Munda et d’offrir leurs têtes à la déesse — l’un des surnoms de Kali est « Chamunda ».

Plus loin dans le texte, Durga combat le féroce démon Raktabija. Or chaque goutte du sang de Raktabija qui touche terre se transforme en un autre démon (rakta = sang, bija = semence, graine). Un éclair de feu sort alors de la tête de Durga : Kali, qui s’empresse de lécher tout le sang du démon, mettant fin à la bataille.

À noter qu’il existe d’autres variantes de la légende, mettant uniquement Kali en vedette. Dans l’une d’elles, lassée de combattre les démons nés du sang de Raktabija, elle entreprend de le bouffer tout cru.

Dans le Devi Mahatmya, Durga finit par réabsorber Kali.

Par la suite, Kali devient la forme farouche de la grande déesse / Shakti, l’épouse de Shiva. Il est dit que la Shakti (la puissance féminine) est le « i » du mot Shiva. Si l’on retire le « i », le mot devient Shva, ce qui en sanskrit signifie « cadavre ».

 Kali est la tueuse de démons. Elle détruit le mal sous toutes ses formes et notamment les différentes formes de l’ignorance.

Certains ont voulu reconnaître une forme primitive de Kali dans d’autres divinités comme Nirriti, une sympathique copine de Yama (la mort) dont la monture est un cadavre.

Il existe plusieurs variantes, dans des textes comme dans des légendes populaires, expliquant la fameuse image de Kali dansant sur Shiva inerte. L’une des plus connues se trouve dans le Linga Purana : après quelques péripéties, Shiva demande à sa femme Parvati de l’aider à détruire le démon Daruka. Celle-ci pénètre dans le corps de son époux et se transforme en Kali grâce au poison stocké dans la gorge de Shiva (Kali est parfois considérée comme étant la colère personnifiée de Parvati). Mais une fois le démon occis, ivre de sang, Kali commence à tout saccager, menaçant de détruire l’univers entier. Shiva se jette sous elle pour l’arrêter. Une variante dit qu’il la calme en dansant. Une autre encore qu’il se change en bébé pour l’attendrir et qu’elle lui donne le sein (version du Linga Purana). Il existe aussi la version « viens t’asseoir sur mon lingam ».

Attributs :

La langue : La langue de Kali vient de son origine (Agni), des légendes dans lesquelles elle boit le sang des démons et des sacrifices qui lui sont offerts. Il est parfois dit que sa langue lui sert à « tester » ses dévots en les léchant pour voir à travers eux et lire leurs cœurs. Une variante veut qu’après s’être rendu compte qu’elle piétinait son mari, lors de son épisode de rage, elle ait tiré la langue (ou se soit mordu la langue) en signe de honte.

Kali est noire : absence de couleur ou mélange de toutes les couleurs. Le terme sanskrit pour « transcendance, absence de forme » est nirguna. A l’inverse, Shiva est blanc (couvert de cendres). Elle est parfois représentée avec la peau bleue, ce qui peut renvoyer à son aspect plus tendre de « Dakshina-Kali » (Kali chérie, aimée).

Kali est nue : « La nudité de Kali a un sens similaire. Dans sa radicale et originelle nudité, elle est dénuée du voile de l’illusion. Elle est la Nature (Prakriti en sanskrit), dépouillée des « vêtements ». Ce qui signifie qu’elle est totalement au-delà des noms et des formes, au-delà des illusions de maya. Sa nudité est censée représenter la conscience totalement illuminée, non affectée par maya. Kali est le feu lumineux de la vérité, qui ne peut être dissimulé par les vêtements de l’ignorance. Cette vérité les brûle tout simplement » (source perdue, désolée). Parfois cependant, elle porte un pagne.

Les 50 têtes autour de son cou : Kali porte un long collier, descendant parfois jusqu’à ses genoux, garni de 50 têtes. Ces têtes représentent soit 50 têtes de démons, soit 50 têtes d’humains sacrifiés à Kali, soit les lettres de l’alphabet sanskrit.

Les armes : Traditionnellement, Kali tient une tête décapitée dans une main, une épée dans l’autre. Dans sa forme Bhadrakālī qui est la plus violente, elle représentée avec trois yeux, et quatre, douze ou dix-huit mains. Dans chaque main, elle tient une arme.

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