Hystéron Protéron, 1ere partie | Rat Holes

Hystéron Protéron, 1ere partie

L’hystéron-protéron est une figure rhétorique consistant à présenter, dans une phrase, les termes ou les actions dans un ordre contraire à la chronologie ou à la logique. 

Nous rappelons que ce texte est donné à titre informatif, afin de présenter une partie des doctrines et pratiques de l’ONA et que les administrateurs de ce site n’encouragent, d’aucune façon, le sacrifice humain ni, plus généralement, la violence. Nous invitons les lecteurs à faire preuve de recul et de sens critique.

Cette traduction a été originellement publiée, via l’Astral Bone Gnawers (ABG) Lodge sur le site ONA InternationalUn grand merci à l’auteur de la traduction qui nous a offert de la publier sur ce site.

Mel

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HYSTERON PROTERON

Les enseignements internes de l’ONA

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Introduction

Le présent recueil est constitué de manuscrits secrets qui ont circulé parmi les membres de l’organisation satanique connue sous le nom d’Ordre des Neuf Angles. Ces manuscrits contiennent des détails relatifs aux enseignements les plus secrets de cet Ordre et complètent la documentation déjà disponible dans des ouvrages tels que Naos, Le livre noir de Satan [1] et Hostia.

Ils sont rendus publics afin d’expliciter la nature véritable du Satanisme traditionnel.

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La dure réalité du Satanisme (1991eh)

La dure réalité du Satanisme est qu’il s’agit d’une chose très différente, aussi bien de son image médiatique que de celle, plus récente, laborieusement promue par des imitateurs, tant en Europe qu’en Amérique.

  1. Ce qu’est le Satanisme :
  1. a) Le Satanisme est une quête d’excellence impliquant un danger réel, de véritables défis et nécessitant un courage authentique.

Il implique de pousser son endurance physique à ses limites et de les dépasser. Il implique d’agir réellement, et seul : sans le soutien d’amis, de camarades, d’amants, de relations, de quiconque. Il implique d’accepter des défis – physiques, psychiques, intellectuels – et de ne les remporter que par ses seuls efforts.

Il implique le triomphe de la volonté et du désir purs et individuels.

  1. b) Le Satanisme est, en partie, une quête intérieure, une exploration des aspects « cachés » (et visibles) de la conscience : la dé-couverte des ténèbres qui se dissimulent dans la psyché individuelle et au-delà. Cela nécessite des « actes magicks » tels que des rituels. Toutefois, cette magick n’est qu’un moyen et non une fin en soi.
  1. c) Le Satanisme comporte des épreuves, à la fois physiques et magicks. Ceux qui en sont dignes les réussissent là où les autres échouent. [L’une de ces épreuves est le Rituel de passage au grade d’Adepte interne [2] au cours duquel le candidat vit seul et isolé, privé de tout sauf du minimum vital nécessaire à sa survie, durant une période de trois mois.]
  1. d) Le Satanisme requiert d’éprouver pratiquement toutes les limites morales et donc de dominer les émotions, désirs, plaisirs, terreurs, souffrances etc. que cela implique.
  2. e) Le Satanisme engage l’individu à défier tous les asservissements : un Sataniste n’accepte que les conseils, il refuse d’être dominé ou intimidé par qui que ce soit. Ces conseils sont tournés vers l’expérimentation pratique et c’est cette dernière qui fait que le novice apprend à avoir et à développer un caractère authentiquement satanique.
  1. f) Le Satanisme nécessite la pratique du sacrifice, conçu comme un test de personnalité essentiel [cf. les manuscrits intitulés Satanisme, sacrifice et crime – la Vérité satanique [3] et Satanisme, la révélation de l’ombre sinistre [4] pour plus de détails.].
  1. g) Le Satanisme est un moyen – une méthode ou une voie – et il vise à produire un type d’individu particulier : la prochaine étape de notre évolution en tant qu’espèce. De ce fait, le Satanisme exprime le changement évolutionnaire, à l’échelle individuelle comme à celle des « sociétés » et de « l’histoire ». Les individus ainsi créés inspirent souvent à la majorité passive une certaine terreur/stupeur/admiration/peur/jalousie.
  1. h) Le Satanisme est élitiste. Il n’y a pas de compromis possible : ses tests, épreuves, méthodes et expériences visant à former le caractère sont difficiles et jamais ils ne seront adoucis de façon à être accessibles à un plus grand nombre de personnes ou réalisables plus facilement.
  1. i) Le Satanisme est naturellement et intentionnellement ésotérique : en raison de ses méthodes, il constitue une voie « secrète » et il ne conviendra probablement pas à la majorité pendant encore de nombreux, très nombreux, siècles.
  1. Ce que n’est pas le Satanisme :
  1. a) Le Satanisme n’est, et ne pourra jamais être, ni une religion ni juste une « philosophie ». La religion signifie l’acceptation de l’autorité, la structure rigide d’une « Eglise » ou d’un « Temple » et un dogme unitaire (avec les schismes et prétentions à « l’authenticité » qui en découlent). L’attitude religieuse représente l’antithèse de ce que le Satanisme est véritablement car ce dernier est une façon de vivre, une façon d’expérimenter brute, alors que la religion conceptualise, bride les entreprises et comportements individuels, et fait la morale. En résumé, le Sataniste se confronte à la réalité sans aucun soutien (moral, psychique ou humain) cependant que la personne religieuse voit sa réalité dictée par le dogme, l’autorité etc. et reçoit le soutien d’une « Eglise », de ses membres et de leurs actions. Le Satanisme est une affirmation extatique de l’existence : il est à la fois le fait de l’amener dans des royaumes nouveaux et plus élevés, de plonger dans les ténèbres existantes et d’en créer de nouvelles.
  1. b) Le Satanisme ne peut se voir imposer de structure, d’autorité ou d’institution de quelque sorte que ce soit au nom d’un « mandat ténébreux » ou d’une « révélation » quelconque. Il ne peut y avoir rien de tel qu’un mandat « infernal » ou autre, car la seule chose qui importe dans le Satanisme est l’expérience, son accumulation et les enseignements éminemment individuels qui en découlent. A titre d’illustration, un authentique Sataniste confronté à une entité présentant tous les pouvoirs traditionnellement attribués à Satan n’admettrait même pas les propos de cette « entité » et ne manifesterait certainement pas d’allégeance à son égard : il accepterait plutôt la mise à l’épreuve, l’évaluation rationnelle de ces propos et en tirerait ses conclusions sur la question. Un Sataniste ne capitule devant rien, il préfèrerait mourir, fier et provocateur, plutôt que se soumettre. Y-compris à « Satan ».

Un Satanisme n’accepte éventuellement l’avis que d’une personne d’expérience, dont l’existence est l’illustration du Satanisme et qui peut donc offrir des conseils fondés sur cette expérience. L’objectif du Satanisme est de créer des individus volontaires, dotés de personnalité, provocateurs et uniques qui ont un potentiel divin ou peuvent le réaliser. Il ne s’agit pas de créer des suiveurs ou des flagorneurs. La notion de « mandat infernal » relève de la malhonnêteté intellectuelle.

  1. c) Le Satanisme n’implique pas de discussions, de réunions et de bavardages. Au contraire, il signifie de l’action, des gestes. Les mots, qu’ils soient écrits ou prononcés, suivront parfois mais pas nécessairement. Le candidat idéal pour le Satanisme est l’homme d’action plutôt que « l’intellectuel ». La nature même de la plupart des actions sataniques fait qu’elles ne peuvent que rarement être évoquées et demeurent donc ésotériques. L’essence vers laquelle le Satanisme dirige l’individu à travers ses actes ne se révèle jamais que par cette participation que constitue l’action. Les mots, qu’ils soient écrits ou prononcés, ne pourront jamais décrire cette essence : ils peuvent seulement y faire allusion, l’indiquer mais, la plupart du temps, ils ne servent qu’à l’obscurcir. Le Satanisme dépouille l’apparence des « choses » – vivantes, occultes ou autres – par son insistance sur l’expérience pratique directe. Ce qui est appris de cette façon est propre à chaque individu – en conséquence, cela présente une dimension créative et évolutionnaire.

Les discussions, les réunions, les bavardages, même les livres et toutes ces choses ont un effet dévitalisant : ils justifient l’inaction.

Un Sataniste utilisera parfois de telles formes de la même manière qu’il/elle peut utiliser la forme qu’est un Temple : afin d’amplifier et/ou d’induire des expériences. Mais alors, il créera ou manipulera activement des expériences dans le cadre desquelles il utilisera les autres personnes impliquées. Cela signifie qu’il n’y a habituellement qu’un seul Sataniste en de telles occasions : bien que les autres puissent être persuadés qu’ils en sont également, ils sont dupés.

  1. d) Le Satanisme ne plaque pas d’absolus moraux sur les situations et les formes de la vie réelle. Deux exemples permettent de mieux comprendre cela. En premier lieu, la politique. Le Satanisme n’apporte son soutien ni ne s’oppose à aucune forme politique ou à aucun type de politique : il n’énonce pas, par exemple, que « le fascisme et le Satanisme sont incompatibles ». De telles affirmations/opinions procèdent d’un parti-pris moral et d’un manque de perspicacité au sujet, à la fois, du Satanisme, de la « société » et donc de l’Eonique.

Intéressé par l’expérimentation, un Sataniste peut utiliser une forme politique pour atteindre un but spécifique, peu importe la nature de cette forme en termes de politique et de morale conventionnelles (la « droite radicale » par exemple). Ce qui compte est de savoir si elle peut être utilisée pour (a) procurer une expérience de vie et atteindre ses limites et/ou (b) contribuer à la dialectique sinistre de l’histoire. Un Sataniste peut donc être impliqué dans une organisation d’extrême-droite ou en créer une – c’est dangereux, excitant, vivifiant, cela procure des expériences limites et pourrait ainsi favoriser le développement du caractère et de la perspicacité de ce Sataniste [5]. Ce qui importe, c’est que cet engagement soit le fruit d’une motivation plus grande, satanique : l’opinion et les croyances des autres à cet égard ne présentent absolument aucune pertinence. Quiconque prétendant être sataniste qui critique une telle action, quelle que soit la couleur politique du groupe ou de l’organisation considéré(e), révèle par là-même qu’il n’est pas un Sataniste mais plutôt un médiocre moralisateur manquant de perspective et d’une compréhension réellement satanique.

La seconde illustration de ce qui précède porte sur la formation et l’utilisation de « Temples » et de groupes sataniques par un Sataniste. Habituellement, afin d’acquérir de l’expérience en matière de rituels magicks et de manipulation des gens, un Sataniste novice constitue un groupe pour accomplir des rituels sataniques. Pour la plupart, les personnes ainsi recrutées sont utilisées pour cela, et le novice endosse souvent un « rôle » satanique particulier, celui de sorcier/sorcière. Il/elle peut s’habiller de façon spécifique et ainsi de suite, de la même façon qu’il/elle peut recourir à des fables pour impressionner et/ou manipuler. Pourtant, pour un authentique Sataniste, ce n’est qu’une étape, d’un an ou deux. A l’issue, une fois l’expérience et la maîtrise de la magick cérémonielle et hermétique acquises, il se tourne vers de nouveaux défis et de nouvelles expériences, comme tout bon Sataniste. En outre, les membres de ce « Temple » ou de ce groupe ne sont pas des Satanistes, bien qu’ils puissent croire le contraire : ils sont seulement utilisés de manière à rendre possible le plaisir/l’excitation/l’expérience etc. du novice. Si l’un d’entre eux avait un caractère effectivement ou potentiellement satanique, il se rebellerait en vue d’entreprendre sa propre quête, en formant un groupe/ « Temple », et en en expérimentant les limites par lui-même.

Il arrive parfois qu’un groupe poursuive une autre finalité – éonique ou supra-individuelle – auquel cas sa durée de vie pourra être allongée. Néanmoins, en tout état de cause, l’œuvre de conseil authentiquement satanique d’un Adepte ou d’un Maître/d’une Maîtresse envers un novice ne pourra se réaliser que sur la base d’une relation individualisée, jamais dans le cadre de la forme rigide et contraignante d’un « Temple ».

En conséquence, il n’y a, et ne peut y avoir, aucune règle contraignante relative à la conduite de tels « Temples » et groupes – il n’y a pas de « code moral », pas de limite qui ne puisse être franchie. Les règles sont créées par le Sataniste novice selon son désir et en fonction de ses buts. Cela revient à dire qu’il peut faire ce qu’il veut avec ce groupe et les individus qui le composent et que même l’Adepte/le Maître/la Maîtresse qui pourrait le guider ne peut poser de limites ou dicter son comportement. Il doit apprendre par lui-même – et notamment de ses erreurs s’il devait en commettre.

La déduction satanique évidente qui en découle naturellement est qu’un groupe tel que le Temple de Set [6] ne peut comprendre qu’un, voire deux, Sataniste(s) qui utilise(nt) les autres « membres » pour réaliser ses/leurs objectifs sataniques. Bien sûr, il(s) nierai(en)t tout cela, et si cette dénégation était sincère, il(s) ne pourrai(en)t pas être sataniste(s). Ce qui est certain, c’est que ce groupe ne peut pas contenir plus de, peut-être, deux Satanistes, puisque ses membres acceptent les contraintes qui leur sont imposées d’en-haut et font preuve de servilité, aussi bien théorique que pratique. De plus, ils ne sont pas amenés à vivre de réelles expériences mais adhèrent au « Satanisme » stérile, aseptisé et sans danger proposé avec peine par leur dirigeant.

  1. e) Le Satanisme ne recherche aucune forme de reconnaissance officielle, pas plus qu’il ne tend à devenir respectable ou à être l’apanage de la majorité.

A l’inverse, pour l’essentiel, le Satanisme opère et doit opérer de manière clandestine ou « souterraine ». La reconnaissance « officielle » signifie qu’une personne ou une organisation se voit conférer une sorte de « statut » et assume donc, théoriquement et pratiquement, une « autorité » ainsi que la structure organisationnelle nécessaire pour la soutenir. Cette autorité et cette structure impliquent des suiveurs, des flagorneurs, et sont en contradiction avec l’essence du Satanisme.

La « respectabilité » renvoie à une posture morale largement alignée sur celle de l’époque, c’est-à-dire à une moralité restrictive, à une éthique ainsi qu’à une limitation des actions à ce qui est communément jugé comme « acceptable » par la « société » du moment. La reconnaissance officielle et la respectabilité signifient aussi que l’autorité autoproclamée ainsi reconnue, et qui devient ou cherche à être respectable, fixe ses propres limites : il y a « proscription » des autres groupes, une hiérarchie est instaurée et la totalité des nombreux pièges du conformisme de masse est mise en place – c’est le triomphe des formes illusoires sur l’essence ; en résumé, la duperie des autres plutôt que leur libération.

Puisque cette expérience de l’essence procurée par le Satanisme est unique, cette unicité est en contradiction complète avec toutes les formes qui cherchent à contraindre, définir et restreindre, deux de ces formes étant la « reconnaissance officielle » et la respectabilité.

Quelques autres faits relatifs à la dureté du Satanisme doivent être rapportés.

Le Satanisme est difficile et très dangereux. Ce danger est bien plus grand que celui – seulement « mental » ou psychique – qui est parfois expérimenté à l’occasion de travaux magicks. Il s’agit d’un danger personnel, du genre de ceux qui engagent la vie ou la mort. Si ce n’est pas le cas, c’est que le danger n’est pas assez grand, qu’il n’y a rien de satanique. Pendant bien trop longtemps, les pathétiques imitations de Satanistes, telles que celles que l’on peut trouver dans le Temple de Set ou à l’Eglise de Satan [7], n’ont eu personne pour contredire leur version mièvre et pleurnicharde du Satanisme – elles ont essayé de renier les ténèbres et le mal qui sont essentiels pour le Satanisme car ces escrocs sont foncièrement des faibles qui n’ont jamais dépassé leurs limites ni expérimenté la réalité du mal. Elles ont tenté de rendre le « Satanisme » sans danger et « respectable » : elles l’ont intellectualisé car ce sont de purs produits de la société actuelle, une société intellectualiste, pacifiste, qui proclame son aversion pour le risque.

Un Sataniste est semblable à un prédateur – dans le monde réel, pas dans ses rêves. Un Sataniste peut être – est souvent – un assassin, un guerrier, un hors-la-loi, dans la vraie vie. Les imitateurs, en revanche, font semblant d’être tout cela ; leur vie rêvée est plus grande que leurs expériences concrètes. Un Sataniste cherche à réaliser, et réalise, ses fantaisies, puis maîtrise les situations réelles qui en découlent et les désirs et sentiments qui les engendrent – il les vit puis les transcende, générant à partir de ces expériences une chose qui les dépasse : un nouvel individu. Souvent les choses se passent mal mais, comme toujours dans la vie, les forts survivent et les faibles périssent et sont effacés. Le Sataniste crée les rêves, les standards d’excellence et d’entrain que d’autres aspireront fréquemment à imiter plus tard. Dans le monde réel, la création est le fruit des actes, et des actes seulement.

En raison de tout ce qui précède, les Satanistes authentiques sont en fait peu nombreux. Parfois leur vie (ou certaines de ses facettes) devient publique, mais, la plupart du temps, ils demeurent dissimulés, travaillant secrètement leurs ténèbres, pour le plus grand bénéfice de l’évolution.

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Satanisme, sacrifice et crime – la Vérité satanique

Du fait de la pléthore de Satanistes d’opérette qui pullulent de nos jours (tout particulièrement en Amérique), il est devenu nécessaire de se prononcer clairement quant à ce qu’il en est réellement du Sacrifice et du « comportement criminel » dans le Satanisme authentique.

Une telle déclaration créera pour toujours un précédent et montrera les « Satanistes » factices tels qu’ils sont réellement, des individus qui apprécient d’être associés aux charmes du mal et des ténèbres mais à qui il manque l’inspiration, le courage et l’audace nécessaires pour être maléfiques et ténébreux. Par ailleurs, je répète ce que j’ai écrit auparavant : le Satanisme n’est, et ne pourra jamais être, une philosophie intellectualiste, aussi certainement qu’il n’est en aucune façon éthique ou moral. C’est un geste de défi personnel, une tension individuelle qui vivifie et affirme l’existence extatiquement – en tant que tel, c’est un mode de vie qui courtise le danger et l’excès. Le Satanisme n’est, et ne pourra jamais être, dogmatique car jamais il n’implique la soumission à quoi ou qui que ce soit. Pour cette raison, il ne pourra jamais y avoir d’Eglises ou de « Temples » authentiquement sataniques où les Initiés se conforment à un dogme ou se soumettent à une autorité. De telles choses ne sont pas pour les Initiés sataniques authentiques, mais pour les dupes, pour ceux qui manquent d’esprit et de talent, en bref, pour les manipulés plutôt que pour les manipulateurs.

Le sacrifice :

Dans le Satanisme authentique [le Satanisme originel], le sacrifice est admis et considéré, en fait, comme nécessaire. Dans des temps plus anciens, cela concernait les animaux et les humains. Aujourd’hui toutefois, cela ne concerne plus que le sacrifice humain, en raison de l’abondance des spécimens adéquats liée à l’augmentation du nombre des rebuts.

Le sacrifice est admis en tant que pratique satanique pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il permet de tester la personnalité satanique d’un individu : tuer soi-même quelqu’un (de ses propres mains par exemple) est une expérience qui forme le caractère et permet de développer certaines qualités (comme l’ingéniosité dans l’exécution et la planification). En second lieu, cela produit des bienfaits magicks (cf. le manuscrit de l’Ordre Un don pour le Prince [8]). Troisièmement, cela permet de distinguer les Satanistes d’opérette des vrais : les premiers se trouvent des excuses pour ne pas agir et se retirent ordinairement dans leur monde confortable et intellectualiste pour jouer à leurs « rôles et rituels sataniques » ; ou alors, ils sont sincèrement horrifiés et se montrent pour ce qu’ils sont vraiment : des lâches, sans tripes, dépourvus des ténèbres sataniques.

Cependant, ainsi que cela a été expliqué ailleurs, le sacrifice satanique véritable est toujours accompli pour une bonne raison – avec un objectif déterminé. [cf. par exemple Satanisme, la révélation de l’ombre sinistre.] Il ne présente jamais un caractère strictement personnel, c’est-à-dire qu’il n’est pas le produit d’un désir individuel, conscient ou non.

En outre, il est admis en pratique que les victimes, les opfers, se choisissent elles-mêmes. Ainsi les opfers ne sont-elles jamais identifiées au hasard de la même manière qu’il ne s’agit jamais d’enfants (bien qu’occasionnellement une opfer puisse être une vierge). La plupart du temps, les victimes, dont l’élimination favorisera la dialectique sinistre, sont testées et c’est seulement si elles échouent qu’elles deviennent des opfers. Bien entendu, les victimes ne sont pas au courant des tests. Par exemple, une série de tests, ou de « jeux », sont préparés une fois la victime choisie et chaque test ou jeu requiert d’elle un choix précis, qui mène à un autre test ou jeu. Après un nombre de « mauvais » choix déterminé, il est estimé que la victime a échoué et a fait le choix de sa mort sacrificielle. En général, les tests portent sur le caractère et ceux dont le caractère apparaît sans valeur deviennent des opfers.

Donc, un certain nombre de victimes sont sélectionnées : celles dont l’élimination contribuera à la dialectique sinistre de l’histoire [cf. le manuscrit L’ombre sinistre par exemple.]. Elles sont alors testées à leur insu. En cas d’échec, elles deviennent des opfers. [Voir ci-dessous le § « Le crime » pour un exemple du genre de tests qui peut être employé – les tests préalables à un sacrifice sont, bien sûr, beaucoup plus « ardus ».]

Un authentique sacrifice peut prendre deux formes : (1) à l’occasion d’un rituel ; (2) dans la vie de tous les jours (e.g. les assassinats/les « accidents »), sans aucun dispositif magick. Si la seconde option est choisie, un rituel de sacrifice peut toujours être accompli mais avec une opfer symbolique (comme une figurine en cire baptisée du nom de l’opfer réelle).

L’exécution pratique d’une action sacrificielle – qu’elle se produise à l’occasion d’un rituel ou non – sera soigneusement planifiée et minutieusement réalisée. Cela signifie que la mort de la victime ne sera que rarement, voire jamais, comprise comme la conséquence d’une action satanique, même si elle a eu lieu lors d’un rituel. De nos jours, et depuis un passé récent, la plupart des sacrifices sont du second type : ce sont des exécutions accomplies dans la vie courante par les Satanistes novices, sous la forme d’assassinats, d’accidents et de « crimes sans motif apparent » pour les autres (la police par exemple). Qui plus est, dans les groupes sataniques authentiques, l’accomplissement d’un sacrifice est un préalable essentiel pour l’accession à l’Adeptat.

Le sacrifice peut être (a) soit une composante d’un rituel sombre – manifester les énergies sinistres dans le causal, provoquer des changements dans le monde afin d’aider les forces ténébreuses (des exemples de ce type pourraient être la Cérémonie du rappel [9], l’Appel sinistre [10]) ; soit (b) une partie d’une stratégie sinistre plus générale, induite par l’Eonique. [Note : cela se produit lorsque le novice progresse sur la voie satanique, selon la tradition.]

Le crime :

Le crime n’est pas une fin mais un moyen. L’acte criminel n’est pas accompli en tant qu’il est criminel mais avec une raison ou une intention précise : son caractère criminel n’est pas significatif. Ce qui importe est qu’il contribue à la quête d’excellence de son auteur (il forme le caractère satanique) ou à la Stratégie sinistre.

Pour simplifier, un acte n’est pas jugé en fonction de son caractère illégal (et donc criminel) dans un pays particulier mais en fonction de ce qui le motive ou de l’intention qui le sous-tend – plus simplement encore : cet acte peut-il servir le Satanisme en général et contribuer à une quête d’excellence personnelle, ou non ? L’exemple suivant permet de mieux éclairer ce point.

Un Sataniste novice développe l’idée d’acquérir de l’expérience en commettant un cambriolage. Les bénéfices financiers seront utiles mais sont accessoires. En tant que Sataniste, il planifie les opérations avec soin et choisi sa cible intelligemment. En premier lieu, la tâche à accomplir doit être difficile, constituer un défi et donc être intéressante – elle doit nécessiter une planification précise et être exécutée avec minutie. En conséquence, il choisit de cambrioler des résidences et de n’y entrer principalement que par les fenêtres et les toits : cela nécessite un peu d’entraînement et l’acquisition de compétences particulières, outre l’audace et le courage. En second lieu, les personnes qui vont se voir priver de quelques-uns de leurs biens doivent se sélectionner elles-mêmes : elles sont « testées » afin de voir si elles constituent des victimes adéquates. La sélection se fait selon leur personnalité, en fonction de leur nature. Tout cela exige de la part du novice d’exercer sa capacité d’analyse et d’utiliser son instinct. Les victimes choisies seront celles qui manquent de force de caractère, d’éducation, de noblesse – à qui il manque, en fait, les qualités d’un Sataniste [note : une des meilleures descriptions exotériques de la personnalité satanique – et aussi de ceux chez qui elle fait défaut – se trouve dans l’Antéchrist de Nietzsche. Le Sataniste fait sienne la « morale des maîtres »].

Le Sataniste choisit quelques résidences dans une ville où ses vols s’avèreront fructueux, puis il en observe les occupants pendant un moment, les regardant, analysant leurs habitudes etc. Ensuite, il organise la réalisation des tests. Deux de ses amis (qui sont en fait des Initiés de l’Ordre, ou, plus exactement, de l’Ordre qu’il a rejoint) sont recrutés pour l’aider. A son signal, ils apparaîtront pour le dépouiller alors qu’il traîne à proximité de l’entrée du bâtiment et que sa victime est proche. Au premier test, la victime ignore « l’agression » et continue sa route. Lors du second test, la victime suivante vient à son aide et assomme l’un des « voleurs » quelques instants. En conséquence, la première victime est choisie ou, plutôt, se sélectionne elle-même par ses actes et c’est dans son appartement que, quelques jours plus tard, le novice dérobera des choses. Bien entendu, l’organisation et la mise en œuvre d’une telle épreuve est compliquée : elle requiert de la théâtralité, de la synchronisation, de la manipulation, de l’audace, et de l’entrain – en bref, une expérience de la réalité.

A la suite de cette réussite, le novice change de cible et se trouve de nouvelles victimes à éprouver. C’était une expérience instructive dans la mesure où elle a confirmé l’évaluation intuitive par le novice de la personnalité de sa victime et a ainsi favorisé le développement de sa capacité de jugement satanique.

Dans cet exemple, le cambriolage était un « crime », au sens légal du terme, mais son caractère illégal n’avait pas d’importance. L’acte en lui-même, sa planification etc. ont servi la quête d’excellence du novice et donc son développement magick, car il s’agissait d’actions sataniques, non pas en raison de leur nature « criminelle », mais car elles impliquaient du danger, nécessitaient des talents particuliers, du jugement, de l’audace, et surtout étaient réelles. En un sens, il s’agissait d’une ordalie dont le caractère satanique résidait dans le fait que les victimes étaient avant toute chose victimes d’elles-mêmes : une sorte de « justice naturelle ». Pour certains, cela peut apparaître comme un jeu, et c’est le cas, mais l’un des plus sérieux alors, où le fait de perdre signifie la capture et un emprisonnement probable, des facteurs qui le rendent intéressant et lui donnent sa valeur. Et ce ne sont que quelques incidents, au cours d’une vie pleine d’incidents de la sorte, à différents niveaux.

De plus, l’aspect « réel » est essentiel : les Satanistes authentiques s’impliquent dans le monde réel, dans des situations concrètes avec des personnes réelles et un danger véritable. Les imitateurs jouent à des jeux mentaux, intellectuels et sans risque. La différence entre eux tient au fait qu’un vrai Sataniste sera réellement un assassin par exemple, alors que le Sataniste d’opérette rêvera d’en être un et tirera une satisfaction imbécile du spectacle d’une fiction, en s’identifiant à un assassin fictionnel – ou, plus probablement encore, il « jouera » un tel rôle au cours d’une quelconque pseudo-cérémonie magick et se persuadera d’avoir accompli quelque chose.

Naturellement, dans la réalité, les choses ne se passent, et ne se passeront, pas toujours bien, mais, comme toujours, les vrais Satanistes survivront et prospèreront tandis que les autres sombreront, se feront prendre, abandonneront ou seront tués. Les meilleurs échouent même parfois, mais ils apprennent de leurs erreurs, endurcissent leur caractère et gagnent en acuité et compétence. Les Satanistes authentiques sont des survivants : ils apprennent et s’épanouissent, puis meurent au bon moment.

Cette progression signifie que le Sataniste évolue : il y a toujours de nouveaux défis, de nouveaux plaisirs, de nouvelles épreuves en termes de compétence, d’audace, d’endurance et de courage, de nouvelles perspectives. Un « rôle » n’est qu’un rôle : joué, puis abandonné et transcendé. Ainsi, avec le temps, même le crime, les sacrifices et la mise à l’épreuve des autres sont laissés derrière : ils ont servi à ce pourquoi ils ont été conçus – un nouvel être est né, un de plus à rejoindre les élus. Pour exprimer les choses différemment, le Sataniste n’est jamais lié par son action, par le désir de la commettre ou pas, par ses conséquences, ou, de fait, par tout ce qui a trait à cette action, indépendamment de sa nature. Un geste tel qu’un sacrifice ou un crime est un moyen en vue de quelque chose d’autre. Tout est expérience. Un Sataniste est au-dessus et au-delà des actes : il en est le maître ou la maîtresse plutôt que l’esclave.

Il en a été, il en est et il en sera toujours ainsi pour les Satanistes authentiques. Dans le même temps, les copies de Satanistes se paient de mots, se repaissent de leurs illusions auto-entretenues et affirment que le « Satanisme » n’implique jamais l’accomplissement de sacrifices ou d’actes criminels mais qu’il s’agit d’une philosophie plutôt sympathique qui a souffert d’une « mauvaise presse ». Dorénavant toutefois, quiconque se laissera convaincre par ces charlatans dégonflés et affectés méritera l’épithète « stupide ».

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NOTES :

[1] The Black Book of Satan.

[2] Grade Ritual of Internal Adept.

[3] Satanism, Sacrifice and Crime – The Satanic Truth.

[4] Satanism, The Sinister Shadow, Revealed.

[5] Cela peut également contribuer à la dialectique sinistre – en la matière, il est important d’avoir une bonne compréhension de l’Eonique.

[6] The Temple of Set.

[7] The Church of Satan.

[8] A Gift for the Prince.

[9] Ceremony of Recalling.

[10] Sinister Calling.

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