Necronomicon – Liber Septimus

Un grand merci à Marie-Véronique qui a nous a autorisés à reprendre sa critique de l’ouvrage Necronomicon – Liber Septimus, paru en mai 2017 aux éditions Chronos Arenam.

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Voilà probablement le livre le plus connu de la planète, inspiré des histoires de Lovecraft, célèbre écrivain de Science-fiction matinée d’horreur, écrit par l’arabe fou Abdul Al-Hazred, qui recueillit les secrets des Anciens Dieux pour les consigner dans le livre le plus maudit de tous les temps. En échange, il est devenu raide dingue.
Repris en français, vous trouverez dans cet ouvrage, tous les rites nécessaires pour faire de ces puissances antiques, vos alliés au quotidien.

L’auteur est anonyme (mais, vu le style d’écriture et les sujets développés, je sais qui c’est :-)), et se propose de vous faire découvrir la magie dite, « Lovecraftienne », c’est-à-dire issue des écrits prolixes de Howard Philip Lovecraft, écrivain fauché, dérangé, américain, particulièrement productif dans les histoires d’horreur. Ses écrits ont pour source principale ses rêves. Voilà pourquoi en le lisant, on ressent comme une surélévation par rapport à la réalité commune, même en tant que lecteur sagement assis dans un fauteuil. On sent que c’est perché, et très haut. Le pire, c’est qu’on ne veut plus en descendre, et c’est comme ça qu’on devient fan !

Un système de magie ?

Quand j’étais jeune, j’ai lu tout Lovecraft. J’adorais ça, et puis je l’ai perdu de vue avec l’âge tout en ayant une nostalgie bienveillante à chaque fois que j’en entendais parler. On ne peut s’empêcher de penser aux films « Evil Dead », au cœur des années 80’ qui mettait en scène le fameux livre maudit, relié de peaux humaines, écrit avec du sang humain, et rempli d’évocations des Dieux sumériens. Lancé comme une légende dans les histoires de l’écrivain, le livre est devenu l’ouvrage le plus recherché du monde, y compris par des universitaires très sérieux. Lovecraft a dû à maintes reprises expliquer que le livre était une invention, qu’il n’a jamais existé. Les passionnés sont toujours convaincus que Lovecraft a menti, et qu’il a caché quelque part le seul exemplaire qui existe. En quelque sorte, la légende continue de courir… pour notre plus grand plaisir.

Mais, entre ce livre, et tous les monstres qui peuplent les pages des livres de l’auteur, les plus grands fans finissent par découvrir qu’en mettant un peu d’ordre là-dedans, il était possible d’en tirer un système magique, d’en nourrir un égrégore, et hop c’est parti, la Magie Lovecraftienne était née.

Et pourquoi pas ?

De quoi inviter du beau monde chez vous !

Ce livre, qui contient moins de 100 pages reste très costaud par son contenu. Des incantations presque à toutes les pages. On regrettera que l’auteur et l’éditeur n’ont pas prévu un CD collé en 4e de couverture avec les fichiers MP3 pour apprendre à prononcer la langue des anciens. L’hébreu à coté, c’est « fingers in the nose ».

Après une courte présentation de l’importance de vénérer les Anciens, nous commençons directement par le vif du sujet. L’invocation préalable, l’appel qui permet tout, à l’attention de Nyarlathotep (mon correcteur orthographique connaît ce mot !!!). Vous aurez au préalable le logiciel d’astrologie capable de vous orienter vers l’étoile qui convient pour l’appel, ou, au moins, une excellente connaissance de la voute étoilée, telle qu’elle était au temps des sumériens bien sûr.

Vous vous empresserez d’évoquer Cthulhu, préférez le jardin plutôt que la salle-à-manger, le dieu étant assez massif, vous risqueriez de perdre la vaisselle de mémé au moindre faux mouvement.

Inutile de vous dire que tout le panthéon est là, ou pas loin. Hastur, Ubbo-Sathla (mon correcteur continue de reconnaître ces noms ? Enorme !) ou encore Zoth Ommog, et bien d’autres encore. Pour chaque rituel, vous avez les phrases incantatoires à psalmodier pour vous mettre en transe, mais aussi les indications à suivre pour que l’appel se passe correctement.

Un ambiance, très… nocturne

L’encens de Zkauba est un exemple de l’ambiance du système magique. Un mélange de drogues et de plantes toxiques vous permettent de voir Cthulhu même au volant de votre bus scolaire par une simple inhalation de quelques secondes. Donc finalement, pas besoin de CD. Une fois quelques bouffées respirées, vous n’aurez aucun mal à prononcer les incantations, à parler la langue des anciens. Un peu comme quand, en boite de nuit, vous parlez un anglais courant au bout de trois verres de vodka, c’est pareil.

Le vin de Yassir le Syrien me donne envie lui, rempli d’épice appétissantes. À essayer.

Novice, Disciple-Prêtre ou Prêtre, vous aurez le choix des cérémonies d’intronisation pour vous mettre au service des Anciens. Dans l’optique où vous vous y mettriez, ne soyez pas offusqué par l’évidente ambiance libre et orientée sexe des cérémonies, augmentée d’une espèce de soumission du récipiendaire vis-à-vis de la prêtresse qui se doit d’être autoritaire et cérémoniale, juste ce qu’il faut. Et si vous êtes femme, vous pouvez devenir Servante d’Azathoth. Je vous laisse le plaisir de lire ce passage particulièrement émoustillant, qui montre au passage, que l’écrivain n’est pas écrivaine.

La fin du livre est un recueil d’histoires. Celle de la rencontre entre Abdul Al Hazred et Nyarlathotep pour signer le livre d’Azathoth, et ainsi octroyer un destin au récipiendaire, et la mission d’écrire le fameux Necronomicon, qui sera plus tard, l’héritage des Anciens.

L’auteur nous parle ensuite des sots, des « infidèles » qui ne peuvent comprendre le message des dieux. La nouvelle « La dalle et l’agnelle » ravira les passionnés d’érotisme avec des passages tous plus succulents les uns que les autres concernant la formation des Servantes. Quelques histoires plus en lien avec le culte des anciens finissent le livre de façon remarquable.

Lovecraft était fou

Et je pense qu’il faut l’être au moins autant pour pratiquer une magie pareille qui flirte avec le mauvais côté tout comme le tantrisme perd son adepte quand le contrôle n’est plus maintenu.

Il est largement conseillé d’avoir lu Lovecraft pour comprendre l’Univers et l’intérêt d’un tel livre. Nous sommes plus en présence d’une tentative de rassembler les éléments constituant le Necronomicon tel que l’a décrit Lovecraft, que d’une initiation à la magie cérémonielle aussi « Main gauche » qu’elle soit. Il faudra pour s’y adonner, de solides compétences, et une santé insolente pour garder le contrôle dans un tel contexte.

Une curiosité pour les fans, une découverte d’un environnement pour les autres. Chronos Arenam étoffe son offre dans les publications « noires », et c’est très bien comme ça. Après, on aime ou pas Lovecraft, mais on restera quand même admiratif devant la compréhension et la connaissance qu’en a l’auteur anonyme. Il connaît, à n’en point douter l’œuvre du grand écrivain, sur le bout des doigts. Et vu l’immensité de l’œuvre, c’est une performance en elle-même, surtout que le style d’écriture est malgré tout assez proche du de celui du Maître. Une belle performance artistique et magique.

Pour en savoir plus, l’excellent article de Melmothia.

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A commander chez l’éditeur

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Présentation de l’éditeur :

« Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours !
Le temps va ramener l’ordre des anciens jours ;
La terre a tressailli d’un souffle prophétique… »
Gérard de Nerval, Delfica.

Ils sont venus des étoiles et ont apporté Leurs images avec Eux.
Ils ne se composent pas de chair et de sang. Ils ont certes une forme, mais celle-ci n’est point faite de matière. Lorsque les étoiles forment une configuration propice, Ils peuvent passer d’un monde à un autre à travers le ciel; lorsqu’elles forment une configuration défavorable, Ils ne peuvent plus vivre. Toutefois, même lorsqu’Ils ne vivent pas au sens où nous l’entendons, Ils ne meurent jamais.
Ils hurlent en tournoyant dans les espaces du vide cosmique et s’ébattent dans les Contrées du Rêve. Prêtez attention à la voix des Grands Anciens, écoutez le chant de la vase où s’ébattent impudiques des êtres hybrides, cependant que la Lune pleure des larmes de sang. Contemplez ces paysages gelés, figés, qui s’imposent dans votre sommeil, lieux interdits où songent des abominations.
Les charmes qui Les maintiennent intacts Leur interdisent également de s’immiscer dans notre monde, mais Ils savent tout ce qui se passe dans l’univers, car Leur mode d’expression consiste à transmettre Leur pensée.
Bientôt, Ils reviendront. Préparez-vous à Les accueillir ! Prosternez-vous devant la grande abomination, sans tarder : servez-Les. Rejoignez les nôtres. Ne pactisez ni avec les cultes humains ni avec les Très Anciens, aïeux de nos Maîtres. Réjouissez-vous de servir les Grands Anciens, Ils sont forts à protéger Leurs fidèles et Leur pouvoir sera à nouveau connu sur toute la Terre lorsque la configuration céleste frappera d’impuissance le Sceau carcéral des Anciens.
Voici le Livre qui guidera vers ce qu’il y a de plus droit. Il apportera aux disciples la bonne nouvelle. Pour ceux qui effectueront les oeuvres salutaires, magnifique sera la rétribution. Quant aux autres, un châtiment douloureux les attendra…

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Visiter le site de Marie-Véronique : Des ténèbres à la lumière

1 commentaire sur “Necronomicon – Liber Septimus”

  1. Bjr j’ai bien aimé le livre pour son style d’ecriture poétique et les lithanies sont plaisantes et très devotifs dont la morale d’adoration est obscure et represente bien les grands anciens et nous plonge progressivement dans un monde de dieux , démons et de démence Seul inconvénient, je trouve qu’on a un peu trop de dérivé sexuelle apparente au satanisme..

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