La santa muerte : magie et mysticisme de la mort

Par Tomás Prower

Vous ne trouverez l’histoire de la Santa Muerte dans aucun manuel. Célébrant un culte essentiellement clandestin, ses fidèles ont préféré conserver ces connaissances pour eux-mêmes et pour d’autres initiés. Bien sûr, le fait qu’une histoire ne soit pas accessible au public ne veut pas dire qu’elle n’existe pas. Notre image contemporaine de la Santa Muerte, à savoir la Faucheuse, est née d’un syncrétisme entre la religion méso-américaine et l’influence de l’Espagne coloniale dans le Nouveau Monde.

Après la chute de l’empire aztèque, l’Espagne catholique s’est solidement implantée et a maintenu la Méso-Amérique sous sa sphère d’influence, avide de dominer ces nouveaux peuples et territoires au nom de Dieu, de l’or et de la renommée […]. Les autochtones commencèrent par résister, mais une fois que les missionnaires eurent résolu de mêler la religion locale au catholicisme, le nombre de convertis augmenta de façon spectaculaire […].

Le meilleur exemple contemporain de ce syncrétisme est la célèbre image mexicaine de la Vierge Marie : Notre-Dame de Guadalupe. Selon les légendes catholiques, un avatar de la Vierge Marie serait apparu à un converti nommé Juan Diego, sur la colline de Tepeyac. Dans un premier temps, aucun des membres du clergé ne voulut croire que cet indigène illettré avait vu la Sainte Mère. Ce n’est qu’après l’intercession miraculeuse de la Vierge qui imprima sa propre image sur le manteau de Juan Diego et fit pousser une espèce de roses inhabituelle au Mexique que le clergé, finalement convaincu, fit bâtir une église dédiée à la Mère de Dieu sur la colline. L’image qui apparut sur le manteau de Juan Diego est identique à celle que nous connaissons aujourd’hui : Notre-Dame de Guadalupe, auréolée de lumière, porte un manteau bleu-vert étoilé et se tient debout sur un croissant de lune.

Avant la construction de l’église, la colline de Tepeyac était un lieu sacré dédié à Tonantzin : une divinité représentant la Terre Mère. Lorsque les missionnaires y bâtirent un sanctuaire, la transition de « Terre Mère » à « Marie la Mère » ne fut pas trop difficile. Durant la domination espagnole, de nombreux autochtones continuèrent d’ailleurs de parler de la Vierge Marie en l’appelant « Tonantzin », mais pour les missionnaires de l’époque, le nom était secondaire, du moment que les populations locales entraient dans le giron catholique […].

Les catholiques espagnols des 15e et 16e siècles ne connaissaient pas de divinité de la Mort. Pour représenter cette puissance naturelle invisible et intangible, les artistes de l’époque eurent toute licence et choisirent un squelette brandissant une faux. C’est la même image que l’on retrouve popularisée dans l’Europe médiévale dans les célèbres « Danses Macabres » du temps de la peste bubonique. Le nom espagnol donné à cette personnification de la Mort était la Parca, la forme singularisée du terme latin Parcae […] Et parce que les mots Parca et muerte sont féminins (dans les langues latines, y compris en espagnol, le genre des noms est fondé principalement sur l’orthographe), l’article féminin « la » est utilisé lorsqu’il est question de la Parca ou de la Santa Muerte. Dans l’Espagne médiévale et de la Renaissance, ce concept nébuleux fut personnifié par une femme. Ce qui explique également l’utilisation de santa dans l’expression « Santa Muerte ». En espagnol, santa est le féminin de san / santo (saint), dont l’étymologie signifie « sacré ».

« Santa Muerte » peut donc se traduire par « Sainte Mort », ou plus exactement par « Mort Sacrée », santasignifiant les deux […]. Les missionnaires espagnols au Nouveau Monde ont importé cette représentation d’une Mort féminine, à l’image de la Parca, en Méso-Amérique et ont produit de nouveaux syncrétismes grâce aux similitudes avec certaines des divinités de la société aztèque. La Parca a des points communs avec les déesses Mictecacíhuatl et Coatlicue. Mictecacíhuatl est la déesse du monde souterrain de Mictlán. Elle veille sur les os du défunt et elle était célébrée, chez les Aztèques, lors de fêtes commémoratives se trouvant à l’origine du Día de los Muertos (le Jour des Morts) au Mexique. Mictecacíhuatl a été décrite comme un squelette dépourvu de chair, la mâchoire largement ouverte, une image semblable à celle que l’envahisseur espagnol amena de la Parca.

Coatlicue, de son côté, est la déesse aztèque de la fertilité, de la vie, de la mort et de la renaissance. Elle était aussi connue comme étant la mère des dieux, tuée et démembrée par ses enfants en raison de sa grossesse mystérieuse, ayant donné naissance à leur plus jeune frère : Huitzilopochtli, dieu du soleil et de la guerre […]. Selon les légendes, elle est la « mère suprême » dont le ventre est un portail de la vie et de la mort, conformément à cette idée, présente dans les mystères de la Santa Muerte, que nous sommes tous amenés en ce monde par une femme et que nous le quitterons également par une femme. Les attributs de vie, de mort et de renaissance de Coatlicue, l’apparence et le culte de Mictecacíhuatl et certains traits de l’espagnole Parca se mêlèrent pour donner naissance au concept moderne et à l’image de la Santa Muerte.

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Pachango – Tropenmuseum – Allerzielen-altaar Mexico.

La première mention écrite de celle-ci, cependant, n’est pas antérieure au 18e siècle. Les registres du clergé espagnol au Mexique décrivent des indigènes s’adressant à des statuettes squelettiques en menaçant de les endommager si elles n’accomplissaient pas de miracles pour eux. Or, ces indigènes appelaient ces figurines « Santa Muerte ». Hormis ces quelques exemples, le culte de la Santa Muerte est resté clandestin, ses traditions, ses prières et ses sorts étant transmis oralement. Et, comme pour tout système de croyances réémergeant, se fondant sur la parole pour se reconnecter à ses origines, il en résulte une grande diversité [….].

Suivant la source orale que vous choisissez, son culte public a débuté soit à Mexico dans les années 1940, soit dans l’État mexicain d’Hidalgo dans les années 1960. Dans les deux cas, les dévots étaient en grande partie des travailleurs urbains pauvres et des personnes marginalisées par une société mexicaine conformiste. Ces groupes étaient relativement restreints et les messes, les prières et les sorts étaient principalement destinés à protéger des personnes pratiquant un métier à risques, en particulier ceux qui travaillaient la nuit. Outre les voleurs et les prostituées, ces travailleurs de nuit comprenaient des barmans, des chauffeurs de taxi et des joueurs de mariachi, populations qui comptent parmi les plus fervents adeptes de la Santa Muerte aujourd’hui.

Il fallut pourtant attendre le milieu des années 90 pour pouvoir se réclamer sans risque de ce culte. À cette époque, ses adeptes se soulevèrent pour faire accepter leur religion et, comme pour toutes les révolutions, le catalyseur de celle-ci fut la pauvreté. La crise économique, qui avait frappé le Mexique en 1994 suite à la signature de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), avait entraîné une augmentation exponentielle du nombre de travailleurs pauvres, de personnes démunies et marginalisées par la société. Dans ce climat d’inégalité, le nombre de gens cherchant à sortir de la misère et se tournant vers la « sainte des derniers recours » augmenta considérablement.

Mais, en 1998, la Santa Muerte et ses fidèles furent victimes d’une très mauvaise presse qui les fit juger comme étant « diaboliques » aux yeux des classes moyennes et supérieures du Mexique. Sa silhouette et le peu d’informations disponibles sur elle firent la une des journaux à sensation dans tout le pays, les médias prenant des libertés et inventant des rumeurs sensationnelles pour vendre davantage. La cause de cette publicité déplorable fut l’arrestation du tristement célèbre kidnappeur et meurtrier mexicain Daniel Arizmendi López, connu sous le surnom d’El Mochaorejas (le coupeur d’oreilles), au domicile duquel fut découvert un autel dédié à la Santa Muerte. La découverte par les policiers de ce type de sanctuaires chez les meurtriers les plus sanglants et les plus effroyables du pays devint bientôt un thème récurrent.

Bien que la Santa Muerte soit désormais considérée comme « maléfique » par une partie de la nation, un pourcentage important de la population mexicaine est constitué de travailleurs pauvres, et ce nombre ne cessant de croître au Mexique, celui des fidèles de la Santa Muerte augmente également. Avec cet avantage numérique, les adhérents de son école de mystères ont commencé à s’organiser et à marquer des points dans le domaine juridico-politique. En 2000, l’Iglesia Santa Católica Apostolica Tradicional Mex-USA (ISCAT Mex-USA), dirigée par David Romo, a été officiellement reconnue comme église et religion confessionnelle au Mexique. Bien entendu, pour obtenir du gouvernement une telle reconnaissance, les images et les références à la Santa Muerte furent réduites au minimum, l’ISCAT se présentant plutôt comme une nouvelle branche du christianisme, ainsi que le nom « Église catholique et apostolique traditionnelle Mex-USA » le suggère […]. En aucun cas, cependant, l’ISCAT Mex-USA ne reflète les croyances de l’ensemble des fidèles de la Santa Muerte. À vrai dire, cette communauté ne représente même pas la majorité de ses adeptes, cette religion demeurant encore largement déréglementée et non organisée […].

Bien que l’ISCAT Mex-USA ait obtenu une reconnaissance juridique en 2000, celle-ci a été annulée a été 2005. La raison en fut essentiellement politique, au sens figuré comme littéral. Le 1er décembre 2000, Vicente Fox devint président du Mexique ; en 71 ans, il fut le premier à ne pas appartenir au Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI). Le PRI a, en effet, dominé la politique mexicaine de 1929 à 2000. Mais la crise économique des années 1990, entre autres raisons, porta atteinte à l’image du PRI et permit à Vicente Fox, membre du Parti Action Nationale (PAN), d’accéder au pouvoir. Alors que le PRI est un parti de centre-droite, le PAN est un parti d’extrême droite et le président Fox chercha à utiliser la chute du PRI pour adopter une vaste politique de déréglementation, comprenant notamment la décentralisation du gouvernement et l’octroi d’une reconnaissance officielle à un certain nombre de groupes religieux minoritaires et non traditionnels. C’est dans ce contexte que l’ISCAT Mex-USA obtint son statut juridique d’église pleinement reconnue.

Le PAN, cependant, était bien plus proche de l’Église catholique romaine que le PRI ne l’avait jamais été. La majorité de ses électeurs étant des catholiques conservateurs, le président Fox se devait de les ménager. Lorsqu’il accorda la reconnaissance légale à divers groupes religieux non traditionnels au Mexique, les évêques catholiques exprimèrent officiellement leur indignation, condamnant comme « diaboliques » ces nouvelles religions.

David Romo, fondateur et dirigeant de l’ISCAT Mex-USA, intenta une action en justice contre l’évêque catholique Martín Rágabo pour avoir diffamé l’ISCAT Mex-USA (légalement reconnu comme « personne morale » aux yeux de la loi mexicaine). Romo rapporta qu’il avait été harcelé et menacé par l’Église catholique qui désirait le voir abandonner le procès, mais il tint bon. Il organisa même une grande marche à Mexico. L’Église catholique, de son côté, affirma que la dévotion envers la Santa Muerte était « satanique ». Lorsque les fidèles traversèrent Mexico, des effigies de la Santa Muerte à la main, les membres des classes moyennes et supérieures furent horrifiés de voir un si grand nombre de personnes, comprenant des exclus et des criminels, défilant dans les rues avec des statuettes de la Grande Faucheuse. Cette marche confirma dans l’esprit du public la légitimité des accusations de l’Église catholique, à savoir que ce culte était diabolique et constituait une menace réelle pour le statu quo religieux. Comme l’Église catholique et sa base électorale conservatrice le pressaient de faire quelque chose pour lutter contre cette religion « perverse » qui avait envahi la rue, le président Fox finit par révoquer la reconnaissance officielle de l’ISCAT Mex-USA.

À ce jour, David Romo continue de plaider en faveur de l’ISCAT MexUSA et de sa réadmission au sein des institutions religieuses légalement reconnues et protégées. Ayant tiré les leçons du passé, il a apporté quelques modifications à l’ISCAT Mex-USA afin de rendre l’église plus « accessible » au grand public. Il a, par exemple, transformé l’image de la Santa Muerte en celle d’un ange céleste […]. Mais ironiquement, ces compromis ont fait perdre à l’ISCAT MexUSA le soutien de nombreux membres de la communauté. L’allure squelettique et inquiétante de la Santa Muerte est ce qui avait attiré la plupart des membres dans l’ISCAT Mex-USA. Désormais, alors qu’elle pourrait avoir gagné en respectabilité aux yeux du grand public, l’église est devenue moins attrayante pour la majorité des dévots de la Santa Muerte.

Si le président Vicente Fox a placé l’école de mystère de la Santa Muerte sous les feux de la rampe des médias mexicains, c’est son successeur, Felipe de Jesús Calderón Hinojosa, qui allait en faire un croquemitaine international. Calderón accéda à la présidence le 1er décembre 2006, devenant ainsi le deuxième chef d’État non membre du PRI depuis 1929. Comme son prédécesseur, il était membre du PAN, mais il se révéla bien plus ultraconservateur. Pour tenter de résoudre les problèmes liés aux cartels de la drogue, Calderón leur déclara officiellement la guerre. Il militarisa le pays et utilisa l’armée pour passer à l’offensive, mais son initiative ne fit que rendre les cartels plus hostiles et plus violents, ce qui transforma peu à peu le pays en zone de guerre. Le risque de mourir soudainement devint une réalité très concrète et omniprésente pour les citoyens ordinaires, ce qui a accru la révérence envers la Santa Muerte.

Celle-ci augmenta tout particulièrement chez les membres des cartels et les trafiquants de drogue. Sous la pression et le danger, ils bâtirent quantité d’autels et de sanctuaires lui étant dédiés, dans tout le Mexique et le long de la frontière américano-mexicaine. Et plus les effusions de sang souillaient le sol américain et plus ces sanctuaires étaient découverts, plus le public prenait le culte en horreur.

La silhouette de la Santa Muerte est ainsi entrée dans la conscience des Américains comme une icône de terreur, associée à certains des criminels les plus violents d’Amérique du Nord. Les médias américains ont capitalisé sur cette image et l’ont utilisée comme symbole de la guerre de la drogue à la frontière mexicaine. Pour le citoyen américain lambda qui se sentait indirectement menacé par les cartels mexicains et les trafiquants de drogue, il était logique que des personnes aussi « mauvaises » prient un squelette et rendent hommage à la mort.

Le fait que la plupart de ces autels situés près de la frontière contenaient des prières et des pétitions demandant la mort des ennemis des cartels, en particulier des policiers, n’a pas arrangé les choses. Ainsi, non seulement l’introduction de la Santa Muerte aux États-Unis se fit dans un contexte de violence, mais elle fut également teintée d’éléments de « magie noire » et d’intentions surnaturelles de nuire. Cela revient peu ou prou à présenter à quelqu’un le catholicisme romain en l’immergeant dans les atrocités des croisades et de l’inquisition espagnole.

Les choses se sont aggravées de manière dramatique en 2009 lorsque le président Calderón a ordonné à l’armée de détruire tous les sanctuaires, autels et images liés de près ou de loin à la Santa Muerte à la frontière américano-mexicaine. Nombre de ces sanctuaires n’étaient en rien liés à la drogue. Ils constituaient des offrandes afin d’obtenir la protection de la Santa Muerte pour passer vers les États-Unis, dans une région du monde réputée pour recéler divers types de danger. L’éradication aveugle de ces autels déclencha la colère des adeptes non violents, mais elle rendit également furieux les trafiquants de drogue, dont beaucoup vénèrent la Santa Muerte et la considèrent comme sacrée […]. Mais il n’y a pas que les membres des cartels qui prient et jettent des sorts au nom de la Santa Muerte, la police et l’armée font de plus en plus souvent la même chose. Outre les exclus et les marginaux, ce culte est très présent chez les personnes qui exercent une profession à risques. Certaines unités et bataillons militaires mexicains portent même un patch de la Santa Muerte sur leurs uniformes à des fins décoratives et de protection […]. Pour ajouter encore une note dissonante à l’opinion du grand public, en 2011, David Romo, évêque autoproclamé de l’ISCAT MexUSA, a été arrêté, car soupçonné d’avoir aidé un fameux gang de kidnappeurs au Mexique. Romo déclara que ses ennemis politiques l’avaient piégé, afin de paraître actifs contre le crime, en emprisonnant le fidèle le plus controversé de la Santa Muerte, elle-même symbole de la guerre de la drogue du Mexique. Que cette inculpation soit justifiée ou non, David Romo a finalement été reconnu coupable de vol, d’enlèvement et d’extorsion, et condamné à 66 ans de prison, ainsi qu’à une amende de 2 666 jours du salaire minimum au Mexique. À ce jour, peu de fidèles de la Santa Muerte sont venus à son aide, ne lui pardonnant pas ses tentatives pour commercialiser et adoucir l’image de la Santa Muerte […].

Autel de la Santa Muerte, Santa Maria Chapitiro, Patzcuaro, Michoacan.

Mais l’histoire récente de La Santa Muerte n’est pas aussi sombre. Dans le quartier de sinistre réputation Tepito, à Mexico, se trouve un endroit où la Santa Muerte accueille ses fidèles, derrière une vitrine de verre. La personne qui s’occupe de ce sanctuaire très populaire est surnommée Madrina (marraine) dans la communauté, en raison de sa courageuse dévotion et de son indifférence au regard que les autres portent sur elle et sur sa foi.

En 2001, le jour de la Toussaint, Enriqueta Romero (plus connue sous le surnom emphatique de « Doña Queta ») a fièrement exposé sa statue de la Santa Muerte devant son domicile, à la vue de tous. Elle fut la première personne de la mégalopole de Mexico à oser faire une chose pareille. […]. À l’époque, Doña Queta complétait les revenus familiaux en vendant des quesadillas devant chez elle et, par sa porte ouverte, les clients pouvaient voir la grande statue. La rumeur se répandit et, bientôt, des fidèles, en provenance de tous les quartiers cette ville très peuplée, se rendirent chez Doña Queta, moins pour ses quesadillas que pour rendre hommage à la Santa Muerte. Les membres de la communauté de la Madrina finirent par déplacer la statue à l’extérieur, où elle demeure ainsi toujours accessible à tous gratuitement […]. Le 1er novembre (jour de la Toussaint), anniversaire de la découverte au public du sanctuaire, une grande fête a lieu à Tepito, devant le domicile de Doña Queta. Quelque 5 000 fidèles en moyenne se rassemblent pour prier, fêter, manger, boire, écouter de la musique et danser en l’honneur de la Mort […]. Le 1er novembre est devenu la fête de la Santa Muerte, une date officieusement reconnue par ses fidèles du monde entier.

Depuis la création de ce sanctuaire en 2001, qui demeure le plus célèbre et visité, de nombreux autres ont été créés. Le nombre croissant de fidèles et la tolérance des nouvelles générations à l’égard de la spiritualité et du multiculturalisme ont rendu la vénération publique de la Mort bien moins taboue, même si elle n’est toujours pas exempte de stigmatisation. En raison de ses origines mexicaines, la plupart des sanctuaires, des temples, des églises et des lieux de culte dédiés à la Santa Muerte sont situés au Mexique et dans des villes du monde comportant une abondante population mexicaine. Mais cela ne signifie pas que ce sont les seuls endroits où l’on peut trouver une communauté de dévots. En fait, en raison de l’omniprésence de son école de mystères, il existe des lieux plus restreints et plus ruraux, ne comportant qu’un nombre négligeable de Latinos ; cependant, ceux-ci demeurent peu ou prou clandestins […]. Majoritairement, l’histoire de la Santa Muerte reste encore à écrire.

Extrait de La santa muerte : magie et mysticisme de la mort, tomás prower, Chronos Arenam, 2019.

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Tomás Prower est diplômé de l’Université de Californie à Santa Barbara, en Etudes Mondiales et en Etudes Ibériques et Latino-américaines. Après avoir voyagé dans le monde entier, il a suivi un cursus d’études complémentaire à l’Université du Chili, tout en travaillant comme traducteur pour le département de littérature. Sa parfaite maîtrise de l’anglais, du français et de l’espagnol lui offrit l’opportunité de devenir un agent de liaison culturel pour le gouvernement français en Amérique du Sud, entre la France, les Etats-Unis et les Etats membres du Mercosur.

A la même époque, il a beaucoup voyagé dans la jungle amazonienne, afin d’en apprendre le plus possible sur les populations de cette région du monde. A son retour aux Etats-Unis, Tomás a travaillé comme barman dans un bar gay réputé de Los Angeles, avant de rejoindre Reno et de devenir directeur des relations extérieures de la Croix-Rouge américaine au Nevada. Il est ensuite retourné dans sa ville natale de Los Angeles où, toujours fasciné par le macabre, il a exercé durant un temps comme médecin légiste, tout en écrivant et en fréquentant le milieu LGBT et les sous-cultures occultes de la ville.

Résidant désormais à Las Vegas, dans le Nevada, où il partage son temps entre des randonnées dans le désert, les échanges avec des touristes du monde entier et la rédaction de nouveaux livres, sous les lueurs des néons de la « Ville du péché ».

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