L’Ossuaire de Sedlec

Après l’église des fantômes, je vous propose un tour à la chapelle des os. Située dans la petite ville de Kutná Hora, à proximité de Prague, la chapelle funéraire du monastère cistercien de Sedlec abriterait les restes de plus de 40 000 personnes, majoritairement des victimes de la peste noire et dont les dépouilles furent d’abord été enterrées dans le cimetière, puis les os empilés en tas dans la chapelle, où ils resteront quelques siècles avant qu’un charpentier ne les recycle en décoration d’intérieur.

Le monastère lui-même fut fondé en 1142. En 1278 le roi Otakar II de Bohême envoya l’abbé de Sedlec en mission diplomatique en Terre sainte. Le religieux revint avec une poignée de terre du Golgotha dans les poches et en saupoudra le cimetière du monastère. L’endroit devint alors fameux, non seulement en Bohême, mais également dans toute l’Europe centrale et de nombreuses personnes fortunées demandèrent à y être enterrées – l’histoire ne dit pas si elles avaient prévu de finir en lustre ou en ostensoir. Elles furent rejointes par environ 30 000 nouveaux amis lorsque la peste noire frappa la Bohème en 1380. Agrandi à l’occasion de cette terrible épidémie, le cimetière accueillera par la suite les victimes des guerres hussites du 15e siècle. Mais dès 1400, prévoyants ou déjà submergés par les corps, les moines avaient érigé, au milieu, une grande chapelle mortuaire de style gothique.

Armoiries des Schwarzenberg
Armoiries des Schwarzenberg

Au début du 16e siècle, une partie du cimetière est détruite et les os sont entassés dans la chapelle, au point de former de hautes piles pyramidales. Ils demeureront là durant deux siècles.

L’édifice est en partie restauré en 1703-1710 par l’architecte baroque Jan Santini Aichel. Puis, en 1870, le monastère est racheté par la famille Schwarzenberg – dont les armoiries, montrant notamment un corbeau picorant dans l’œil d’une tête humaine, seront reproduites dans le sanctuaire -.

C’est de cette époque que date le recyclage des ossements en mobilier, initiative que l’on doit au charpentier et graveur sur bois, František Rint qui signera son œuvre en collant de petits os sur l’un des murs de la chapelle. Cependant, il semble que certains ossements avaient déjà été utilisés en guise de décoration dès le 17e siècle.

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Michal Kmínek, 2012.
Michal Kmínek, 2012.

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Melmothia, 2016.

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