I'm Walking Backwards To Xmas | Rat Holes

I’m Walking Backwards To Xmas

Introduction de la traductrice :

Hugo l’Estrange est le nom de plume sous lequel Lionel Snell a signé certains de ses premiers articles, avant d’accéder à la notoriété sous le pseudonyme de Ramsey Dukes.

Les chroniques intitulées « Journal d’un sataniste » ont débuté dans le premier numéro de la revue The Hermetic Journal en 1978, avec l’article éponyme A Satanist’s Diary, mais se sont rapidement transportées dans la revue Aquarian Arrow, à laquelle Lionel Snell contribuait déjà à l’époque, avec la parution dans le numéro 8 d’un texte intitulé Rock Music and the Problem of Evil.

Le « Journal d’un Sataniste de l’honorable Hugo l’Estrange » est alors devenu une colonne régulière du magazine jusqu’à sa fin en automne 1991 (numéro 33). Une compilation de ces textes est sortie en 2000 sous le titre The Hellgate Chronicles (aux éditions El-Cheapo Books).

Si son auteur qualifie le Journal d’un sataniste de « totale parodie », ces chroniques ont été cependant l’occasion de soulever quelques lièvres, ou comme le dit Francis Breakspear d’offrir « une plate-forme utile pour l’expression d’idées nocives présentées sous une forme humoristique afin d’éviter le cri de réprobation qui n’aurait pas manqué de retentir si ses vues avaient été offertes comme sérieuses ».

Interrogé par le même Francis Breakspear sur l’impact de ces chroniques, Lionel Snell répondit :

« (Nous avons eu) très peu de réponses — dans Aquarrian Arrow — et certaines sont même de moi. Beaucoup de gens ont dit qu’ils avaient acheté ce numéro pour mon article ! J’ai eu une personne qui a pris la chose au sérieux et m’a demandé de l’introduire dans un ordre sataniste. J’avais préparé une réponse pour rire consistant à lui recommander de contacter son église pentecôtiste locale — précisant que les responsables étant très anxieux de voir leur couverture éventée, il devrait se contenter de leur façade publique pendant un an, avant de leur demander une introduction dans le “cercle intérieur satanique” —, mais je ne l’ai jamais envoyée… Le Hermetic Journal, ça a été une tout autre histoire, bien plus précieuse. Le Journal d’un sataniste ne parut que dans un seul numéro… et causa de nombreuses réactions choquées. »

Un correspondant avança, en toute sincérité, semble-t-il, que publier un tel journal sataniste dans le Hermetic Journal était comme « pisser dans une église » (Hugo L’Estrange, The Hellgate Chronicles, p 5). C’était peut-être un cas isolé, mais : « Des années plus tard (sous mon véritable nom, et non en tant qu’Hugo) j’ai rencontré quelqu’un à un festival d’astrologie… Le Hermetic Journal arriva sur la table et le type me dit « vous savez, il y a quelque chose qui m’a toujours intrigué dans ce magazine, l’un des numéros contenait un article écrit par un sataniste et il n’y a jamais eu de suite — en avez-vous entendu parler ? Je me suis toujours demandé qui était derrière cela et si c’était vrai » » (Hugo L’Estrange, Personal Communication, juin 2002)

Le titre I’m Walking Backwards To Xmas contient un jeu de mots absolument intraduisible en français. Il signifie « Je serai de retour / rentré à la maison pour Noël », mais peut être rendu littéralement par « Je marche à reculons vers Noël ».

Mel

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I’m Walking Backwards To Xmas

Une récente intervention radiophonique d’un chrétien évangéliste chasseur enthousiaste de backtracks – messages sataniques enregistrés à l’envers dans des disques de musique populaire – a révélé le fait curieux suivant :

Lorsqu’on lui demanda comment une phrase fugace et à peine audible à la gloire de Satan pouvait avoir un quelconque impact dans un disque dont le message global était manifestement inoffensif, voire tout à fait sain, sa réponse fut que les textes enregistrés à l’envers sont en réalité beaucoup plus puissants qu’un message clairement audible et ce, parce qu’ils contournent la censure consciente et sont immédiatement absorbés par l’inconscient.

Si tel est le cas, songez à ce qu’il advient à chaque fois que le public écoute le service du matin à la radio ou l’enregistrement d’une messe chantée !

Lorsque le Notre Père est récité durant le service, que se passe-t-il dans ce mode inversé tellement plus significatif ? Oui, c’est bien le Notre Père à l’envers ! En d’autres termes, chaque fois que des croyants récitent des prières au Seigneur, ils récitent forcément en même temps la même prière à l’envers.

Or, selon la théorie de l’interviewé, peu importe ce qui est clairement énoncé, c’est ce qui se passe à rebours qui est véritablement important, en raison du message qui impacte directement l’inconscient.

Bien entendu, la récitation du Notre Père à l’envers est universellement admise comme étant l’invocation la plus connue et la plus efficace de Satan. Ce qui signifie qu’à chaque fois que des gens récitent cette prière, non seulement ils invoquent à leur insu Satan, mais ils le font aussi de la manière la plus efficace possible – d’une manière qui contourne la censure consciente.

Cette découverte cruciale pourrait avoir une incidence importante sur un article destiné à paraître ultérieurement dans ce journal : « En avant, soldats du Christ… »

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En avant, soldats du Christ…

(Réédition opportune du Livre Noir de La Névrose Fondamentaliste)

C’est avec un profond regret que je me trouve être une fois de plus le messager de mauvaises nouvelles pour la communauté sataniste. Une copie du Livre Noir de La Névrose Fondamentaliste a été transmise à ce journal en vue de sa prochaine édition et je me sens obligé d’en résumer les principaux points :

  1. Tout d’abord l’attention est attirée sur la corrélation étroite entre les crimes de violence et la communauté chrétienne : les nations où la fréquentation de l’église est la plus élevée étant celles qui ont les taux d’homicides les plus élevés. Pour éviter toute confusion entre la cause et l’effet, il est indiqué comment l’arrivée du christianisme dans les communautés pacifiques d’Amérique du Sud et plus généralement dans le Pacifique a entraîné une dégradation de la société autochtone.
  1. Une analyse minutieuse de l’état d’avancement du christianisme en Amérique du Nord révèle que la fréquentation de l’église était en léger recul au cours des années soixante et soixante-dix et a seulement commencé à augmenter fortement à la fin de la dernière décennie. Le tournant se révèle être l’année du massacre de Jonestown, lorsqu’un millier de dévots chrétiens a bu du poison sur commande de leur Seigneur – le plus grand sacrifice humain connu dans l’histoire occidentale et une opération de magie noire d’une ampleur inégalée.
  1. Il est souligné qu’aux États-Unis, en Grande-Bretagne et ailleurs, la paranoïa fondamentaliste actuelle concernant le culte du diable n’a servi absolument à rien, sinon à générer un énorme intérêt du public pour celui-ci – tant et si bien qu’aucun groupe de heavy metal n’oserait se montrer sans symboles sataniques.
  1. Le pouvoir du fondamentalisme sur les masses repose sur l’excitation populaire à l’approche du millénaire : il a longtemps été prédit que la fin de ce siècle verrait l’effondrement de la civilisation et de l’institution d’un régime de terreur diabolique. Aussi longtemps que cela semble en cours, les fondamentalistes sont en position de force, il est donc tout à fait dans l’intérêt de leurs églises que la société se brise et se divise.
  1. Comme cela a été souligné dans les précédentes éditions de ce journal, le fondamentalisme chrétien brasse de vastes sommes d’argent à l’heure actuelle – ce qui est traditionnellement le signe qu’on se trouve les bonnes grâces du diable.

Par ces cinq faits, il est démontré que la présente renaissance fondamentaliste chrétienne doit être le résultat d’une opération de magie noire initiée par le révérend Jim Jones, et qu’elle est structurée pour prendre le contrôle monde en l’an 2000, en provoquant l’effondrement de la civilisation occidentale, grâce à l’utilisation de ses propres partisans abusés comme des instruments inconscients du mal.

À partir de là, ce Livre Noir parvient à sa conclusion cauchemardesque – qui va sûrement épouvanter la communauté satanique, mais doit néanmoins être livrée ici dans son intégralité.

Cette conclusion est que nous, satanistes, sommes tout simplement loin d’être suffisamment méchants – partout notre mal est surpassé par celui des évangélistes chrétiens. Une fois de plus, je vous prie de faire un effort pour les années quatre-vingt-dix. Demandez-vous s’il n’y a pas un petit quelque chose laissé au hasard dans votre dévouement au Mal absolu ?

Plutôt que d’acheter vos hamburgers végétariens, ne pensez-vous pas qu’il serait préférable de sacrifier des chèvres à Satan ? Il suffit de penser au nombre de dindes abattues au nom du christianisme chaque Noël !

Après un rituel de guérison à distance, est-ce qu’il ne vous reste pas un peu d’énergie pour abuser d’un enfant ? Même une petite fois serait mieux que rien du tout – une vérité statistique choquante est que les plus jeunes sont trente fois plus susceptibles d’être violés par le clergé chrétien (sans compter les paroissiens) que par nous, satanistes.

Allez, misérables mauvais-à-rien ! – ou peut-être espérez-vous gagner votre place au ciel en vous y réfugiant pour fuir les hordes chrétiennes ?

Voilà ! Je sais que cette accusation va vous remuer, misérables pécheurs !

Hugo l’Estrange. Traduction française par Melmothia, 2015.

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