Falcifer – Seigneur des Ténèbres (9)

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Falcifer – Seigneur des Ténèbres

(Deofel Quartet, Volume I) Anton Long

Order of Nine Angles

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Première publication : 1976 e.n.

Version corrigée (v.1.01) 119 année de Fayen

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CHAPITRE XVII

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La réparation de la fenêtre que Conrad avait brisée était presque achevée et Baynes regardait les ouvriers œuvrer, tandis que Togbare assis, enveloppé dans un manteau, se tenait près de l’âtre. Il se remit à neiger, tout d’abord légèrement, puis plus fort.

Lorsque le travail fut terminé, Baynes remercia les hommes, leur donna une belle enveloppe et resta dehors un moment, tandis qu’ils s’en allaient.

Il était sur le point de retourner dans la chaleur de sa maison lorsqu’une moto pénétra dans l’allée. C’était une machine puissante, montée par quelqu’un vêtu de cuir rouge. L’individu se trouvait dans l’éclairage extérieur de sécurité de la demeure lorsqu’il descendit du véhicule et commença à retirer son casque à visière teintée.

Miranda secoua ses longs cheveux libérés. « J’ai des nouvelles pour vous », dit-elle.

« Entrez, je vous en prie », dit Baynes en lui tenant galamment vers la porte. « Vous ne connaissez pas encore Frater Togbare, n’est-ce pas ? », demanda-t-il en montrant le salon.

Togbare tendit la main à Miranda. « Salut », dit-elle avec un sourire, mais elle ne lui serra pas la main.

« Je vous en prie, asseyez-vous », dit Baynes.

« Denise l’a trouvé », dit Miranda, « et je pense qu’elle aura besoin de votre aide. » Elle regardait Baynes avec inquiétude.

« Trouvé qui ? » demanda-t-il.

« Robury ! Il est chez elle, elle ne voulait pas que je vous le dise — mais je devais le faire. »

Miranda soupira. Durant plus d’une heure, elle était restée assise chez elle à se demander quoi faire. Au début, elle avait pensé à retourner chez Denise. Mais la fermeté dont celle-ci avait fait preuve la dissuada. Elle avait essayé d’oublier ses propres inquiétudes concernant sa sécurité, et y était presque parvenue — pendant une heure, en raison de la confiance qu’elle avait dans les capacités psychiques de Denise.

« Ils vont le trouver », poursuivit-elle. « Et elle sera en danger ! Nous devons faire quelque chose ! »

« Vous voulez dire », demanda Baynes calmement, « que M. Robury est à présent dans sa maison ? »

« Oui ! », le ton de sa réponse était impatient.

« S’y est-il rendu de lui-même ? », Baynes haussa les sourcils en regardant Togbare.

« Non — elle l’a trouvé. Et nous l’avons ramené. Il était blessé… Assez mal en point, il me semble. »

« Je vois, Baynes caressa sa barbe, vous l’avez conduit dans sa maison ? Pourquoi ? »

« Elle voulait l’aider. » Puis, réalisant ce qu’elle avait dit, et voyant l’échange de regards entre Togbare et Baynes, elle a ajouté : « Il n’est pas comme ça ! »

« Vous avez dit, demanda Togbare, qu’elle l’avait trouvé. Cela signifie qu’elle le cherchait ? »

« Eh bien… D’une certaine manière, oui. » La chambre était chaude, et elle ouvrit la fermeture éclair de sa combinaison en cuir.

Baynes la regarda faire, comme s’il réalisait soudain qu’elle était une femme. Elle remarqua son attention et sourit en secouant la tête pour que ses longs cheveux retombent autour de son visage. Elle le considéra soudain comme un défi, car elle savait à quel point il fuyait les femmes. Sa propre liaison avec Denise était seulement, pour elle, un bref intermède dans sa vie bisexuelle, et elle offrit son plus beau sourire à Baynes.

Hâtivement, l’homme se détourna.

« At-elle dit », demanda Togbare, « pourquoi elle était à sa recherche ? »

« Non, et je ne lui ai pas demandé. Vous la connaissez, n’est-ce pas, Oswald ? » dit-elle à Baynes, lui souriant encore et prononçant délibérément son prénom, « vous connaissez ses capacités. »

« Elle est plutôt douée dans certains domaines psychiques, oui. » Il la regarda brièvement, puis se détourna.

« Miranda, vous êtes au courant des événements récents, demanda Togbare, impliquant M. Robury et le groupe sataniste ? »

« Seulement qu’il devait y avoir une sorte de rituel. Denise a sous-entendu que Robury étant important. »

« Vous êtes au courant de la mort de M. Fitten et sa femme ? »

« Oui. Elle en a parlé. »

« Vous étiez parmi les premiers à rencontrer ce Conrad Robury, n’est-ce pas ? »

« En fait, oui. Il était venu pour assister à l’une de nos réunions. »

« Présenté par un certain Neil Stanford ? »

« Oui. » Elle se tourna vers Baynes, mais il avait les yeux plongés dans les flammes de l’âtre.

« Je pense qu’il est opportun, dit Togbare pompeusement, de vous faire entrer dans la confidence : M. Stanford, je suis attristé de le dire, est tombé dans les mains des satanistes. Il avait, sur nos instructions, infiltré le groupe. Cependant, il a été trahi. Nous ignorons par qui. Comme vous le savez sans doute, ces groupes ne traitent pas avec mansuétude ceux qui les trahissent, et par conséquent depuis que M. Stanford a été enlevé par M. Robury et conduit à la demeure du soi-disant ‘Maître’, nous sommes inquiets pour sa sécurité. »

Il ajouta : « Depuis quelque temps déjà, je soupçonne, et c’est également le cas du Conseil, que nous sommes infiltrés par les satanistes. »

Miranda regarda d’abord Baynes puis Togbare. « Et vous pensez donc à Denise ? », demanda-t-elle avec étonnement.

Ce fut Baynes qui répondit : « C’est logique, compte tenu de ce que vous venez de nous dire. »

« Je n’y crois pas ! Pas Denise ! »

« Bien sûr », dit Togbare, « nous ne pouvons pas en être certains, mais M. Baynes a raison. Il est logique de penser qu’elle pourrait être impliquée. »

« Donc, vous voyez, Miranda », dit Baynes et il sourit, « si c’est vrai, alors elle n’est finalement pas en danger avec eux. »

Miranda s’assit sur une chaise, troublée par l’accusation portée contre son amante, mais satisfaite de l’intérêt que Baynes lui avait témoigné. Il avait utilisé son prénom — quelque chose qu’il n’avait jamais fait auparavant — et son sourire était chaleureux. Tout à coup, il lui vint à l’esprit que si l’accusation était fondée, Denise avait été cruelle de l’utiliser de cette façon. Cette pensée l’attrista.

« Mais si vous avez tort à son sujet », dit-elle, toujours perplexe, « alors, elle est en danger ? »

« D’avoir porté secours à Robury ? », dit Baynes, « j’en doute. Vous avez dit qu’elle avait l’intention de l’aider ? »

« Oui. Elle allait utiliser ses pouvoirs de guérison. »

« Qui sont, à ma connaissance, sont tout à fait remarquables. Tout à fait remarquables. »

« Mais sûrement… » commença Miranda.

« Pourquoi voulait-elle le trouver en premier et, plus important encore, pourquoi voulait-elle le guérir tout en sachant, en tant que membre du Conseil comme je le suis moi-même, qu’il est important pour eux ? Pour leur rituel. »

« Elle fait partie du Conseil ? », demanda Miranda surprise.

« Oui, bien sûr. Elle ne vous a rien dit ? Je pensais que vous étiez des amies très proches. » Baynes sourit.

Miranda rougit et se tassa dans sa chaise. « Non, dit-elle doucement, elle ne me l’a jamais dit. » Elle soupira en se rappelant que Denise lui avait dit une fois : « Il n’y aura jamais de secrets entre nous… »

« Il était grièvement blessé, avez-vous dit ? » lui demanda Togbare.

« Couvert de sang. »

« Eh bien, dit Baynes, il a sauté par cette fenêtre. »

« Il était là ? », s’étonna Miranda.

« Nous avions espéré — comment dire ? – l’échanger contre Stanford. Maintenant, nous sommes revenus au point de départ. »

« Mais la police — ils peuvent sûrement nous aider, si Neil a été enlevé… »

Baynes haussa les épaules et fait un geste de résignation avec les mains. « Quelles preuves avons-nous ? Que pourrions-nous dire à propos de ce conflit que ces gens pourraient comprendre ? »

« Mais ils écouteront sûrement quelqu’un d’aussi respectable que vous ? »

« Peut-être, mais même si je les envoyais à la demeure du Maître, trouveraient-ils Stanford ? Bien sûr que non. Comment pourrais-je expliquer pourquoi il aurait été enlevé ? Quelle raison ? – quel motif — pourrais-je donner sans passer pour un fou ? Ils m’écoutaient, feraient une enquête de routine, ne trouveraient rien et décideraient que je suis un peu étrange. Non, ce n’est pas aussi simple que cela. »

« Je crains, mon enfant », déclara Togbare à Miranda, qui grimaça à cette marque d’affection, « que M. Baynes n’ait raison. Il y a eu deux morts, deux décès malheureux, déjà. Et c’est grâce à l’ingéniosité et à l’influence de M. Baynes que ces décès ont été déclarés par les autorités comme naturels, sans être rapportés à des circonstances suspectes. Et cela, je l’ai accepté — car comment peut-on expliquer à un monde incroyant la véritable cause de ces décès ? Si nous avions essayé, alors nous verrions à présent, j’en suis sûr, des dizaines de journalistes se mêler de nos affaires, ce qui entraverait nos enquêtes et nous empêcherait d’atteindre notre objectif — à savoir mettre un terme une fois pour toutes à cette menace sataniste pesant sur notre monde. »

Togbare, apparemment satisfait de son discours, se frotta les mains. Miranda se tourna vers Baynes : « je voudrais aider », dit-elle.

« Alors, je suggère que nous allions voir Denise. Je vais lui demander, directement, comment elle se situe dans cette histoire. »

« Et si M. Robury est avec elle ? », demanda Togbare.

« Je vais le convaincre de revenir avec nous. » Il se dirigea vers le bureau et sortit d’un tiroir un revolver qu’il plaça dans la poche de sa veste.

« Je vous en prie, » dit Togbare, « nous pouvons sûrement éviter de telles complications ? »

« Il n’y a pas d’autre choix à présent », répondit Baynes. « Préférez-vous, » demanda-t-il à Miranda, « voyager avec moi ou utiliser votre propre moyen de transport ? »

« Avec vous, » elle sourit et commença à ôter sa combinaison de cuir.

Même Togbare la regarda faire. « Si » dit-il en se raclant la gorge, « M. Robury n’est pas là — que ferons-nous, mon ami ? »

« Sanders — il saura comment entrer dans leur Temple. On peut le convaincre de nous le révéler. Nous irons alors leur rendre visite. Vous êtes prête ? », demanda-t-il à Miranda.

« Oui. »

« Excellent ! » Il se tourna vers Togbare. « Si nous ne sommes pas revenus dans l’heure, vous devrez d’informer la police. » « Mais — » marmonna Togbare. « Que devrais-je leur dire ? »

« Je suis sûr que vous aurez une idée. »

« Mais… »

Baynes n’attendit pas la réponse du Mage.

***

CHAPITRE XVIII

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Sinister Tarot, Atu VII, Azoth. Christos Beest
Sinister Tarot, Atu VII, Azoth. Christos Beest

« Elle a bien travaillé ! », dit Susan comme Conrad se redressait. « Tu es en meilleur état que nous ne le pensions. »

« Comment es-tu arrivé là ? », lui demanda Conrad. Il regarda autour de lui, mais ils étaient seuls. « La femme… »

« Denise ? dit Susan, tu la verras dans un moment. Le Maître est heureux de te voir. » Elle l’aida à se relever.

« Ah ! Conrad ! », dit Aris en entrant dans la pièce. « Une telle détermination ! Tu as rejeté une offre des plus tentantes, d’après ce que j’ai entendu dire. »

« Pardon ? » Conrad regarda Susan, puis le Maître dont le manteau et les vêtements noirs semblèrent à Conrad particulièrement appropriés à son allure à la fois joyeuse et sinistre.

« Une offre — de Baynes, » dit Aris.

« Tu as parlé dans ton sommeil », ajouta Susan avant que Conrad ne pose la question.

« Viens », dit le Maître avec un geste vers la porte. Conrad le suivit dans l’escalier de la maison jusque dans une chambre où Denise était couchée sur un lit, apparemment endormie.

« Elle est à toi », lui chuchota Aris.

« Pardon ? »

« C’est à toi de décider de son sort. Prends-la — possède-la si tu le souhaites, elle n’a jamais été avec un homme. Tu peux être le premier. »

Aris alla vers Denise, toucha son front avec sa main et elle se réveilla. Puis un couteau fut dans sa main, prêt à frapper.

« Ton désir ? », lui demanda Aris en souriant.

Conrad alla vers Denise, prit sa main dans la sienne et l’embrassa. « Merci », lui dit-il avec sincérité.

La crainte qui était dans ses yeux disparut.

« Quel sera son sort ? » demanda Aris, tenant toujours le couteau.

« Je ne veux pas qu’elle soit blessée. »

« Comme tu veux. » Aris toucha son front avec sa main et elle ferma les yeux, replongeant dans le sommeil.

« Tu dois partir maintenant, » dit-il à Conrad.

« Est-ce que tu vas bien ? » lui demanda Susan, lorsqu’ils eurent atteint le bas de l’escalier.

Le visage du Maître n’avait montré aucune émotion, lorsque Conrad avait exprimé son souhait et il se demanda s’il désapprouvait.

« Est-ce que tu vas bien ? », lui demanda de nouveau Susan.

« Juste un peu fatigué », répondit-il.

« Nous devons y aller à présent. » Elle tenait la porte d’entrée de la maison ouverte et, dans la rue enneigée dehors, il aperçut sa voiture de luxe.

Ils marchèrent côte à côte, dehors, dans le froid, puis elle fit asseoir à côté d’elle et il fut bientôt au chaud dans le cocon de la voiture, contemplant les rues et les maisons couvertes de neige, tandis que Susan conduisait d’une façon presque téméraire au vu des conditions météorologiques.

La musique qu’elle avait choisie pour accompagner leur voyage parut à Conrad refléter son humeur et les aspirations presque démoniaques qui la sous-tendaient. Tout en écoutant la sonate en si mineur de Liszt, il réalisa que sa décision au sujet de Denise était la bonne et, comme ils arrivaient à proximité de la demeure du Maître, il parvint à la conclusion que cela ne faisait aucune différence pour lui qu’Aris, son maître — et plus largement tout le monde — l’approuve ou non. Il agirait de la même façon si c’était à refaire.

Guedor les attendait sur les marches et il tint la porte ouverte pour Conrad dans un geste qui lui plut. La maison elle-même semblait l’attendre et il ne fut pas surpris que Tanith l’accueille dans le hall d’entrée avec un baiser.

« Elles vont bientôt guérir », dit-elle en caressant les coupures qui séchaient sur son visage.

Même Mador vint le saluer.

« Bienvenue Professeur ! », dit le nain. « Bienvenue ! » « Le Maître vous verra bientôt. Mais d’abord, vous devez vous laver et vous changer. Mador va vous montrer votre chambre. » Comme Conrad le suivait, il ajouta : « Et Conrad, à partir de ce jour, cette maison est votre maison. »

Ses paroles lui plurent et il suivit Mador, fier de lui. Susan était belle, riche et puissante, et ensemble, ils ramèneraient les Dieux des Ténèbres sur Terre.

La chambre où Mador le conduisit se trouvait au dernier étage de la maison. Elle était grande, luxueuse, et il fut surpris de trouver les armoires pleines de vêtements neufs, tous à sa taille. Il en avait choisi quelques-uns et se détendait dans un bain chaud, lorsque la servante entra dans la pièce, poussant un chariot avec un repas. Elle ne parla pas, mais lui sourit par la porte de la salle de bains ouverte alors que, gisant dans l’eau, il rougissait à l’intrusion inattendue. « Je vous remercie ! » dit-il inutilement alors qu’elle s’en allait.

Près d’une heure était passée lorsqu’il quitta la chambre, lavé et nourri, pour chercher la bibliothèque où le Maître l’attendait probablement. Il lui fallut beaucoup de temps pour la retrouver, car la maison était grande et de nombreux couloirs et pièces lui restaient encore inconnus.

« Trouves-tu, demanda le Maître alors qu’il entrait dans la bibliothèque, ta maison agréable ? » Il était assis au bureau. Il sourit et montra une chaise.

Conrad s’assit.

« À partir ce soir, tout cela, continua Aris, sera à toi. »

Conrad ne pouvait que le regarder avec étonnement. Était-ce une plaisanterie ?

« Il va y avoir un rituel », dit Aris, « dont le succès permettra au Nouvel Éon que nous attendons de débuter. Rappelle-toi ce que je t’ai dit : tu as un destin. Ton destin est de poursuivre le travail que moi et d’autres avons commencé. Chaque grand Maître, comme moi-même, lorsque le moment est venu, choisit quelqu’un pour lui succéder. Et je t’ai choisi. Ma fille sera ton guide, le temps que ton propre pouvoir se développe. Elle sera ta maîtresse, comme Tanith a été la mienne. »

Aris lui sourit avec bienveillance. « C’est bien que tu sois surpris. Tu as prouvé que tu étais digne de cet honneur. Quant à moi, j’ai d’autres tâches à accomplir, d’autres endroits à visiter où tu ne peux pas te rendre pour l’instant. Nous t’avons testé et nous n’avons pas été déçus. À présent, je vais te révéler un secret concernant nos croyances. Nous sommes l’équilibre — nous comblons ce qui manque à moment ou dans une société particulière. Nous défions les consensus. Nous encourageons, par nos initiés, nos actes magiques et par la propagation de nos idées, un désir de connaissance que les religions, les sectes et les dogmes politiques souhaitent plus que tout supprimer parce que ce désir sape leur autorité. Réfléchis à cela, en lien avec notre histoire, et rappelle-toi que nous sommes rarement ce que les autres pensent.

Notre voie consiste entièrement, dans ses fondements et pour ceux qui osent se joindre à nous, à libérer l’aspect sombre ou l’Ombre de la personnalité. Pour ce faire, nous encourageons parfois les individus à entreprendre des expériences d’une nature désapprouvée par les sociétés et les individus plus conventionnels ou par ceux qui sont effrayés par le caractère « illégal » de certains actes. Mais les plus forts survivent, les faibles périssent. Tout cela — et les expériences de nature magique comme celles que tu as pu vivre — forge à la fois le caractère de l’individu et développe ses capacités magiques. Pour résumer, le novice sataniste devient un Adepte ».

Il sourit de nouveau à Conrad avant de continuer : « Nous foulons un chemin étroit, comme tu es peut-être en train de le comprendre. Il y a le danger, il y a l’extase — mais surtout il y a une joie de vivre, une façon plus intense et intéressante d’appréhender l’existence. Notre objectif est de changer ce monde, oui, mais surtout nous cherchons à changer les individus en son sein, pour produire un nouveau type de personne, une race d’êtres vraiment représentatifs de notre symbole primordial, Satan. Seuls quelques-uns pourront appartenir à cette nouvelle race, cette race à venir… À l’élite satanique. Et dans cette élite, je te souhaite la bienvenue. »

Il donna à Conrad un petit livre relié de cuir noir : « Tout ce que je t’ai dit, et plus, beaucoup plus, est contenu là-dedans. Lis, apprends et comprends. Nous n’aurons plus l’occasion de parler ensemble à l’avenir. »

Il inclina la tête, comme respectueusement, en direction de Conrad avant de se lever et de prendre congé. Seul, dans le silence qui suivit, Conrad eut l’impression d’entendre la voix d’une femme.

« Je viens pour vous, je viens ! » Semblait chanter la voix et durant un instant, il aperçut un visage fantomatique — la femme de Fitten.

Il se mit à rire bruyamment à cette pensée, empli de la fierté d’avoir été choisi par le Maître. « Je suis le pouvoir, je suis la gloire ! » cria-t-il d’une voix rendue puissante par la possession démoniaque. Derrière lui, le visage fantomatique se mit à pleurer.

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