Crimes satanistes, hypnose & soupe au canard | Rat Holes

Crimes satanistes, hypnose & soupe au canard

Par Robert Anton Wilson

En 1997, un jury a accordé 2,4 millions de dollars de dommages et intérêts à une certaine Nadine Cool qui avait porté plainte contre son ancien thérapeute, le Dr Kenneth Olson, pour faute professionnelle. Il l’avait convaincue, sous hypnose qu’elle avait été contrainte par son père, durant son enfance, à participer à des rites sataniques impliquant des sacrifices humains. Il l’avait également convaincue qu’elle possédait pas moins de 126 personnalités différentes, y compris des anges, des démons et même un canard.

Elle avait tout cru – y compris le canard – jusqu’au jour où elle s’était décidée à confronter à son père à ces affreux souvenirs ; l’homme en est mort d’une crise cardiaque.

Le Dr. Olson avait utilisé la thérapie dite de la « récupération de souvenirs » (Recovered Memory Therapy), une branche de la psychanalyse affirmant que la plupart de nos problèmes psychologiques viennent de traumatismes infantiles tellement horribles que nous en avons bloqué tout souvenir et que ceux-ci ne peuvent désormais être « récupérés » que sous hypnose. Les histoires abominables mises à jour par ce type de thérapie impliquent généralement l’inceste, les rites sataniques ou l’enlèvement par des pervers sexuels venus d’autres galaxies. Bien plus rarement des canards.

De nombreux humanistes de sensibilité laïque estiment que ces scénarios de films de série B ne sont pas « retrouvés » mais artificiellement créés par l’hypnose – cela dit, ces mécréants sont souvent tellement enfoncés dans le scepticisme qu’ils nient l’immaculée conception et le visage sur Mars. D’ailleurs, la ‘Récupération de Souvenirs’ est une thérapie au pedigree politiquement correct : Elle a été popularisée par deux éminentes philosophes féministes, Ellen Bass et Laura Davis, dans leur livre The Courage to Heal (Harper & Row, 1988). Et la réalité des rituels sataniques a été authentifiée par Ms. Magazine [NDT : magazine féminin et féministe fondé dans les années 70]. Douter que le satanisme se dissimule dans tous les coins et recoins de notre république pourrait facilement vous rendre coupable d’être politiquement incorrect. Même douter du canard parlant pourrait vous faire regarder de travers à l’Université de Californie.

Selon le sociologue Jeffrey Victor, auteur de Satanic Panic (Open Court, Chicago, 1993), il y eut plus de 60 vagues de panique populaires provoquées par des révélations sataniques durant la décennie 1982-1992. Et comme mon grand-papa avait coutume de dire : « Il n’y a pas de fumée sans feu ». Vrai, n’est-ce pas ?

La section d’étude du comportement du FBI (Behavioral Science Unit), qui s’occupe des tueurs en série, s’est trouvé entraînée dans la mêlée, mais a finalement annoncé que personne n’avait jamais trouvé de preuves justifiant ces vagues de panique. Ceci doit signifier, bien sûr, que le FBI fait partie du complot.

Pourquoi pas ? Selon l’éminent expert de la thérapie par récupération de souvenirs, le Dr. Cory Hammond de l’Université de l’Utah, la CIA et la NASA font tous deux partie de la « cabale satanique internationale » dont l’origine se trouve dans l’Allemagne nazie. Comment le FBI pourrait-il ne pas être impliqué dans un complot aussi juteux ?

L’humanisme laïque et le politiquement incorrect continuent cependant de séduire des millions de gens, y compris certains jurés. Il y a un mois, un autre jury de mécréants a accordé 850.000 dollars de dommages et intérêts à Joan Hess résidant à Wasau, dans le Wisconsin. Elle avait porté plainte contre son ancien thérapeute, le Dr Juan Fernandez III, pour l’avoir persuadée sous hypnose que son père l’avait agressé sexuellement durant son enfance et l’avait entraînée dans un culte impliquant des sacrifices de bébés. Il était également parvenu à la convaincre qu’elle possédait 75 personnalités. Comme Nadine Cool, Mme Hess ne croit désormais plus à la réalité de ces souvenirs.

Le Dr Fernandez portait une cravate ornée d’une image de Duffy Duck lorsqu’il a été condamné, selon un rapport d’Associated Press paru au début de ce mois. Peut-être que Duffy Duck était également le canard parlant de Nadine Cool ? Ou, pire , serait-il possible que Duffy Duck soit le Diable ? Gardez un œil sur la presse pour ne pas louper les prochaines révélations fondamentalistes.

Et ne faites jamais confiance à un canard.

« I Remember Satan : ‘Recovered memory’, demonology, and duck soup » par Robert Anton Wilson, publié dans Whoa! Le 20 septembre 1999.

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