Falcifer – Seigneur des Ténèbres (6)

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Falcifer – Seigneur des Ténèbres

(Deofel Quartet, Volume I) Anton Long

Order of Nine Angles

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 Première publication : 1976 e.n.

Version corrigée (v.1.01) 119 année de Fayen

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CHAPITRE XI

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Conrad sentait la présence d’un grand nombre de personnes autour de lui. Il ne pouvait pas les voir, car il était comme paralysé, sur le plancher d’une petite pièce, à côté du Temple. Un oreiller soutenait sa tête et il baissa les yeux pour se découvrir vêtu d’une robe noire, le sceau heptagonal de l’Ordre brodé en rouge à l’endroit de son cœur.

Il pouvait entendre le chant, sentir l’odeur de l’encens et de la cire se consumant. Puis une voix, des paroles qui lui rappelèrent sa propre Initiation : « Rassemblez-vous, mes enfants, et sentez la chair de notre cadeau ! » C’était la voix de Tanith, mais elle semblait venir de très loin. Puis il s’endormit de nouveau, rêvant qu’il se trouvait dans l’espace au-dessus de la Terre, tournant dans son orbite autour du Soleil. Il se trouvait parmi des êtres extraterrestres humanoïdes, descendus sur la Terre depuis la prison froide de l’espace. Le temps accéléra, dans une fluxion d’images. Les tribus primitives se réunirent dans la crainte et la reconnaissance pour les êtres qui les avaient instruits, guidés, contrôlés et détruits, au cœur des forêts et de la glace. D’autres qui leur étaient hostiles arrivèrent à leur tour depuis l’espace, cherchant à les tuer ou les capturer, reconduisant leurs prisonniers dans la lointaine, vaste et glaciale prison dont ils s’étaient échappés, les scellant pour toujours dans un vortex. Il se trouvait là, dans les dimensions et le temps au-delà de la causalité, et pouvait ressentait leur désir de s’échapper, d’explorer l’immensité et la beauté des étoiles.

Il se réveilla, avec un sentiment de perte. Durant quelques minutes, il resta immobile, respirant à peine, puis il vit — ou crut voir — Tanith conduire dans la pièce principale un homme, les yeux bandés et lié. Elle se coucha avec lui sur le sol, pour achever son initiation, avant de lui retirer son bandeau.

« Neil, Neil ! », tenta d’articuler Conrad, comme il reconnaissait l’homme. Mais sa bouche échoua à former des sons et il se recoucha impuissant jusqu’à ce que l’image disparût. Il vit Susan marcher vers lui, et il ferma les yeux, refusant de les croire. Mais elle le toucha, lava son visage et ses mains avec de l’eau chaude qu’elle avait apportée dans un bol. Elle lui souriait en le caressant doucement.

« Je… », commença-t-il à dire.

« N’essaie pas de bouger trop vite, dit-elle. Prends un peu de temps pour récupérer. »

Peu à peu, il se rendit compte qu’il pouvait bouger ses doigts, ses mains, ses pieds et, comme il s’y appliquait, il réalisa qu’il était amoureux d’elle.

Elle l’embrassa comme si elle avait lu ses pensées.

« Tu comprends maintenant ? »

Ses yeux étaient beaux et cela sembla sans importance à Conrad qu’ils paraissent emplis d’étoiles.

« Je pense que oui », répondit-il.

« Ensemble, nous sommes une clef qui ouvre la porte, brisant le sceau qui les lie. »

Cela ne lui sembla pas si étrange à entendre dans sa bouche.

« Maintenant, ajouta-t-elle, tu es prêt. Viens — Le Maître nous attend ».

C’est en se relevant qu’il se souvint qu’elle était la fille des Maîtres. Elle le conduisit dans la pénombre du Temple. Il n’y avait aucune bougie sur l’autel, aucune prêtresse nue, aucune assemblée réunie pour les saluer, rien de magique sinon le tétraèdre de cristal, brillant sur un socle. Seuls le Maître et Tanith les attendaient.

« La saison et l’heure sont venues, entonna le maître, les étoiles sont alignées ainsi qu’il est écrit, ce temple est conforme aux préceptes de nos Dieux Sombres, soyons attentifs aux Angles des Neuf ! »

Il fit un geste vers le cristal, en chantant « Nythra Kthunae Atazoth ! » comme il l’avait fait précédemment. La lumière qui semblait émaner de l’intérieur du tétraèdre s’obscurcit, puis commença à changer lentement la couleur, jusqu’à se fixer sur une lueur bleu sombre.

« Ainsi que cela fut, entonna le Maître, cela est et sera de nouveau. L’Agartha les a connus, Eux, les Sans Noms qui sont venus avant que nous rêvions. Et Bron Wrgon, notre portail jumeau, est ici ». Il fit un geste vers Susan et Conrad : « une clef menant aux dimensions hors du temps, une clé pour les neuf angles et pour le trapézoïde ! de leur crase viendra le pouvoir de briser le sceau qui lie ! »

« Ils existent, chanta Tanith comme Aris commençait à vibrer avec sa voix les mots de puissance — Nii ! Ny’thra Kthunae Atazoth. Ny’thra ! Nii ! Zod das Ny’thra ! -, dans les angles de ces dimensions qui ne peuvent être perçus, en attendant que nous les appelions et entamions un nouveau cycle. Ils ont foulé la noirceur entre les étoiles et ils nous ont trouvés, recroquevillés dans le sommeil et le froid. Mais les Siriens sont venus pour se lier à nous, dans nos prisons et notre sommeil. Bientôt nous serons tous libres ! »

Le Maître se tenait bout, les mains sur le tétraèdre, ainsi que Tanith, ils commencèrent tous deux à vibrer à quatre octaves d’écart les mots qui étaient la clef de l’abîme.

Susan se tenait à côté de Conrad, mais elle ne l’entraîna pas sur le sol comme il s’y attendait. Au lieu de cela, elle prit ses mains dans les siennes et se tint devant lui. Ses mains étaient froides, d’un froid glacial, et il pouvait sentir ce froid l’envahir. Ses yeux se remplirent à nouveau d’étoiles qui entourèrent bientôt son visage. Le Temple lui-même s’assombrissait et tout ce qu’il pouvait entendre était la scansion intense des mots qui ouvriraient l’abîme. C’était un son étrange, comme les deux voix chantaient avec quatre octaves d’écart. Conrad fut pris de vertige et sentit qu’il tombait. Une pléthore d’étoiles se précipita vers lui, comme s’il voyageait incroyablement vite dans l’espace lui-même. Il traversa une barrière brisée, colorée, faite de lumières qui pulsaient et sillonna monde étranger sur monde étranger. Des peuples avec des visages et des corps singuliers dans des univers singuliers, de belles et dégoûtantes scènes — un coucher de soleil sur un monde possédant trois lunes, rouge, orange et bleue ; un empilement de cadavres mutilés, déchiquetés par les dents acérées de petits animaux, tandis qu’à proximité, reposait un vaisseau spatial accidenté, à moitié enterré dans le sable jaune… Les impressions étaient éphémères, mais intenses et elles affluaient. Et puis tout s’arrêta soudain. Il était seul, totalement seul, dans le noir austère et glacial. Il entendit un faible bruissement. C’était le vent. Il écouta et attendit. Des images pâles, se précisant lentement et changeant de couleur — du violet au bleu, à l’orange, puis au rouge.

La lumière vint comme l’aube se levait rapidement et il se retrouva debout, au milieu des rochers arides, sous un ciel orangé. Une silhouette marchait vers lui, que Conrad reconnut — c’était lui-même.

La silhouette parla avec la voix de Conrad :

« Le sceau qui nous retenait n’existe plus. Bientôt, nous serons avec vous ».

L’homme sourit, d’un sourire sinistre qui à la fois séduisit et inquiéta Conrad.

« Maintenant, je dois partir, dit l’image de Conrad, mais avant, je vais te donner une récompense. Me voir tel que m’ont connu les habitants de ton monde dotés d’un peu d’entendement ».

La silhouette déformée était Satan, et il était parti.

***

CHAPITRE XII

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Sinister Tarot, XVI. War. Christos Beest.
Sinister Tarot, XVI. War. Christos Beest.

« Vous pensez que c’est important ? », demanda Baynes à Togbare. Ils se tenaient près du bureau de Witten. Togbare relut le manuscrit en lambeaux : « Cela se pourrait. Oui, c’est bien possible ».

« Quelque chose d’intéressant ? », demanda Neil.

Il les avait rencontrés chez Baynes comme ils se préparaient à partir à la lumière de l’aube. Il sortait tout juste de sa cérémonie d’initiation, mais ils n’avaient pas pris le temps d’en parler.

« Est-ce que cela signifie quelque chose pour vous ? », demanda Togbare à Neil.

Neil prit le manuscrit — plusieurs pages manuscrites et les lut attentivement : « Pas vraiment, dit-il enfin, en les passant à Baynes, on ne m’a dit que très peu de choses — hormis de me tenir prêt pour un rituel important qui aurait lieu bientôt. »

Baynes lut le texte à voix haute : « Le rite ancien et secret des Angles Neuf est un appel aux Dieux Sombres qui existent au-delà de temps dans les dimensions acausales, où cette puissance, qui se trouve derrière la forme de Satan, réside et attend. Le rite est le plus sombre des actes de magie noire, car il amène sur Terre Ceux qui ne sont jamais nommés ».

Il posa le manuscrit sur le bureau : « Pour moi, on dirait du Lovecraft », dit Baynes dédaigneusement.

« Oui, répondit Togbare, j’en suis conscient. Pourtant, je suis de plus en plus convaincu, d’après ce que j’ai lu des notes de M. Fitten et le peu que je sais déjà, que lui-même — et je tends à approuver cette idée — considérait le mythe que Lovecraft a inventé, ou plus exactement qui lui a été livré dans ses rêves, comme la corruption d’une tradition secrète. Il a dépeint ses Grands Anciens comme répugnants et repoussants. Je suis porté à croire que, si des entités telles que ces « Dieux Sombres » existent, ils doivent être capables de changer de forme, comme le prince des ténèbres lui-même ».

« Qu’est-ce que ces notes kabbalistiques signifient ? », demanda Neil, montrant vers une page du manuscrit Fitten avait annotée : « ‘à propos de 418 qui n’est pas 13’ ? »

« Hélas, admit Togbare, je ne sais pas. »

« Pensez-vous qu’il a copié cela de quelque part ? » demanda Neil.

« Peut-être. Vous avez dit qu’ils ont mentionné des livres et des manuscrits en leur possession ? »

« Oui. Le ‘Maître’ dit que je pourrais bientôt voir certains d’entre eux. Tous les Initiés, apparemment, doivent les étudier ».

« Nous allons donc devoir attendre », dit Baynes.

« Peut-être, peut-être… », marmonna Togbare. Il commença à fouiller parmi les fichiers qui encombraient le bureau, puis dans la pièce.

« Il y a une tradition, murmura-t-il en continuant à chercher, voulant que Shambhala et Agharta aient leur origine dans un véritable conflit entre des forces cosmiques, ayant eu lieu à l’aube de l’humanité. C’est une tradition persistante, dans toutes les écoles occultes, ce qui peut laisser penser que cette tradition s’appuie sur quelque chose de réel ». Il s’était assis dans le fauteuil du bureau : « Je suis vieux, dit-il en secouant la tête, et la lumière intérieure qui guide notre Conseil a été ma force depuis de nombreuses années. Mais déjà, lorsque j’étais un jeune homme, je sondais les mystères. Pourtant, je suis ici, de nombreuses années plus tard, et je ne comprends toujours pas. Le mal est présent, même ici — dans cette pièce —, je le sens. Ce qui est en train d’arriver, et cela depuis des années, dénature la lumière astrale. Nous semblons être sur le point de devoir faire face à une ère nouvelle et plus sombre. Et nous ne semblons pas approcher d’une solution. Nous avons peut-être regardé au mauvais endroit. Nous avons cru que les satanistes qui ont causé cette distorsion étaient littéralement des adorateurs du diable. Puis ils sont devenus pour nous les disciples de To Mega Therion, avec comme devise Thelema. À présent, alors qu’il est presque trop tard, nous découvrons qu’ils n’ont pas de cri de ralliement, sauf peut-être Chaos — et que ce qu’ils prévoient est sans doute encore plus sinistre et terrible que nous ne l’avions imaginé ».

« Mais il est encore temps, dit Neil avec douceur, pour autant que je sache, il y a Conrad Robury… »

« Ah ! » Les yeux de Togbare s’allumèrent.

« Mais s’il est tellement important pour leur projet, alors pourquoi est-il apparu seulement maintenant ? Sûrement que davantage de préparation est nécessaire ».

« Vous connaissez ce monsieur, je crois ? », demanda Togbare.

« Oui, dit Neil, je l’ai présenté au groupe wiccan. »

« … Et vous avez arrangé une entrevue avec M. Sanders », ajouta Baynes.

« Oui je l’ai fait ».

« Même si, reprit Baynes tranquillement, vous saviez que Sanders recrutait pour le Maître et son groupe ».

« Eh bien, quand vous m’avez demandé de les infiltrer, j’ai pensé que ce serait un bon stratagème. Leur montrer ma bonne volonté, pour ainsi dire, en leur présentant quelqu’un qui pourrait leur être utile ».

« Et vous leur avez en effet montré », dit Togbare.

« Qu’est-ce que vous êtes en train de suggérer ? », demanda Neil à Baynes, comme s’il n’avait pas entendu Togbare.

« Je ne suggère rien du tout », répondit Baynes doucement.

« Allez, allez, réprimanda Togbare, ne nous disputons pas. Il y a élémentaux autour qui essaient de nous diviser et perturber nos plans ».

« Je suis désolé, dit Baynes sincèrement, je suis juste fatigué. Il faut me pardonner ».

Togbare le regarda avec bonté : « Quand avez-vous dormi pour la dernière fois ? »

« Je ne sais pas. Il y a quelques jours, peut-être. Je n’en ai pas eu le temps ».

« Puis-je suggérer, dit Togbare, que vous retourniez chez vous vous reposer durant quelques heures ? »

« Mais je peux sûrement vous aider ici ? »

« Oui, bien sûr dans un moment. Nous n’avons pas besoin de rester là tous les trois pour chercher ces fichiers, il montra une petite pile sur le bureau, je vous en prie, allez prendre un peu de repos ».

« Si vous en êtes sûr », répondit Baynes.

« Oui, bien entendu. Nous serons à votre domicile dans quelques heures ».

« Est-ce ça va aller ? ». Baynes commença à s’éloigner.

« Ne vous inquiétez pas ».

Togbare lui fit signe à travers la fenêtre. La neige tombait encore lourdement sur le sol, mais le ciel était clair.

« Il travaille très dur », marmonna-t-il avant de retourner s’asseoir au bureau. Puis : « ce Conrad Robury… », demanda-t-il à Neil.

« Oui ? »

« S’est-il intéressé à cela auparavant ? »

« Non, pas du tout. C’était un ami à moi, étudiant en sciences. Tout a commencé un peu comme une blague, en fait. Il pensait que l’Occulte était un non-sens. Donc, j’ai suggéré qu’en tant que scientifique, il devait étudier directement le sujet… mais il y avait quelque chose de spécial, je ne sais pas tout à fait ce que c’était — peut-être ses yeux. Parfois, quand il me regardait, je me sentais mal à l’aise. C’était un jeune homme très intense, je sais que cela peut paraître bizarre, mais il était très… sérieux, d’une certaine manière presque puritain ».

« Il pourrait être le sacrifice dont ils ont besoin ».

Neil soupira : « je sais ». Ses yeux exprimaient la tristesse et la culpabilité qu’il ressentait à cette éventualité.

« Ne vous inquiétez pas, dit sincèrement Togbare, si c’est vraiment ce qui est prévu, nous sauverons votre Conrad Robury ».

« Ai-je bien entendu ? dit une voix derrière la porte, quelqu’un a dit mon nom ? »

Conrad entra dans la pièce.

« Conrad ! », s’exclama Neil avec surprise. Il commença à aller vers son ami, mais Togbare le retint par le bras.

« Attendez », conseilla Togbare. Il regarda Conrad : « De quel droit osez-vous entrer ici ? »

Conrad sourit : « Par le droit du Nom — Chaos »

« Conrad, dit Neil, qu’est-il arrivé ? »

« Tu pensais, cracha haineusement Conrad, que tu pouvais nous trahir ! Tu ne nous arrêteras pas ! Aucun de vous ne le peut. Toi, il montra Neil, tu viens avec moi ! ».

« Il reste », dit Togbare en s’appuyant sur son bâton pour se lever.

« Tu ne me fais pas peur, vieillard », dit Conrad. Il se dirigea vers Neil, mais Togbare leva son bâton. Conrad ressentit une douleur aiguë et soudaine dans son ventre. Il essaya d’avancer, mais la douleur augmenta et il posa ses mains sur son abdomen, en grimaçant.

Silencieusement, Susan entra dans la pièce et se plaça près de lui. Elle toucha sa main, et la douleur disparut. Il fixa alors Togbare, en se concentrant afin de façonner, avec sa propre aura, une arme. Il forma à l’aide de sa volonté un heptagone inversé avec lequel il visa Togbare.

Mais le résultat fut minime. Togbare continuait de sourire, son bâton levé. Des filaments blancs en coulaient pour former un pentagramme incandescent au-dessus de la tête du Mage. Le pentagramme se rapprocha de plus en plus, envoyant des filaments pourpres vers Conrad qui saisit son anneau pour les absorber. Mais aussi intensément que Conrad se concentra, cela restait insuffisant. L’anneau continuait de les absorber, mais pour chaque filament absorbé, trois nouveaux surgissaient, au point que Susan et lui se retrouvèrent enfermés dans un anneau pourpre. Désespéré et déterminé, Conrad, toujours concentré sur son anneau, se rappela du chant qu’il avait entendu dans le temple. La concentration et la visualisation semblèrent fonctionner, car un éclair rouge vif jaillit de son anneau vers Togbare. Mais le Mage tendit simplement sa paume qui absorba tranquillement la lumière. Conrad pouvait sentir sa puissance lentement l’abandonner. Puis il se souvint.

La main de Susan était toute proche. Il la saisit fermement. Elle se pencha contre lui et il put sentir un flux de puissance le traverser. Elle riait. Le pouvoir qu’elle lui transmit était fort et il eut le temps de façonner le signe du pentagramme inversé à partir de ce chaos originel et de le projeter à travers la pièce, conformément à son désir. Il toucha le bâton de Togbare, lui arrachant de la main. La bande pourpre qui enveloppait les satanistes se disloqua, puis disparut.

Togbare n’était pas blessé, mais son pouvoir s’était enfui. « Je vois que vous avez des amis puissants », dit-il.

« Vous ne pouvez pas nous arrêter ! », Conrad se mit à rire.

Togbare sourit et se pencha pour récupérer son bâton. Prudemment, Conrad recula. « Ne vous inquiétez pas, dit Togbare, mon pouvoir — comme le vôtre — a pour le moment disparu, mais il sera bientôt de retour ».

Conrad s’approcha de lui pour saisir le bâton. Il comptait le briser sur son genou. Mais une force autour de Togbare le tint à distance. Ce fut comme si, parvenu à quelques centimètres du Magus, il se retrouvait soudain paralysé.

« Ce sont vos mauvaises intentions, dit Togbare en souriant, qui vous entravent ».

Conrad l’ignora. À la place, il s’empara de Neil, lui tordant le bras derrière le dos : « Tu viens avec nous ! »

« Il ne vous sera d’aucune utilité, dit Togbare, votre Maître s’en rendra vite compte ».

« Nous verrons ! »

« S’il vous plaît, supplia Neil, ne les laissez pas me prendre ! »

« Ils ne peuvent vous faire aucun mal, mon fils, dit Togbare, croyez-moi. Maintenant que j’ai vu leur pouvoir, je sais ce qu’il faut faire ».

Neil confus, se débattit pour se libérer. Conrad le tenait à la gorge : « C’en est fini de sa puissance, n’est-ce pas ? », et il poussa Neil vers la porte.

« Conrad, Conrad !, supplia Neil, mais que t’est-il arrivé ? »

« Tu seras notre sacrifice ! », dit Conrad et il se mit à rire.

« Aidez-moi ! Pour l’amour de Dieu, aidez-moi ! », cria Neil.

« C’est trop tard ! jubila Conrad, nous avons besoin de ton sang ».

La voiture de Susan attendait devant la porte de la maison. Conrad poussa Neil à l’intérieur. Le véhicule prit la direction du Temple satanique.

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