Satanisme, Wicca et néo-paganisme

Voici un bref extrait de l’article « Le néo-paganisme et les objections du Wiccan au satanisme », par Michael York, in Le défi magique, tome 2, satanisme, sorcellerie, Collectif, PUL, 1994, soulevant la question des relations entre satanisme, Wicca et paganisme :

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Quoique la thèse de Murray ait été largement discréditée au sein de la communauté académique — et aussi bien par les néo-païens contemporains — il semble qu’elle ait inspiré les écrits de Gerald B. Gardner, lesquels à leur tour inspirèrent la prolifération de groupes de sorciers modernes.

D’après Murray, le dieu cornu adoré par les païens médiévaux Sub Rosa a été identifié par l’Église comme étant le diable. En conséquence, le début des premières réunions de groupe par les sorciers contemporains était souvent la reconnaissance du fait même que le diable chrétien était bien leur propre dieu sous un déguisement discrédité et condamné [1]. Pourtant, des développements ultérieurs et spécialement quand wicca devint le nouveau véhicule pour le mouvement spirituel féministe avec l’accent mis sur la métaphore de la divinité féminine (i.e. The Goddess – La Déesse), il s’est produit une distanciation de plus en plus grande, sinon totale, des liens entre le néo-paganisme et le satanisme.

Au mieux, une métaphore satanique est l’occasion conservée par quelques magiciens de cérémonies, descendants de la Renaissance occulte observée en France au XIXe siècle. J’ai dans l’esprit à ce propos, les magiciens contemporains du chaos qui retracent leurs origines à travers Aleister Crowley et l’ordre du Crépuscule d’Or ainsi que sa ramification : l’ordre du Temple d’Orient. Autrement et en particulier parmi les seuls outsiders des deux mouvements, les termes Sorcellerie et Satanisme tendent à être interchangeables. C’est à ce lien et/ou à cette confusion que les néo-païens et les Wiccans restent le plus opposés .

Tout d’abord, la structure sociologique d’organisations telles que l’église de Satan ou le temple de Seth est hiérarchique et bien différente de celle des Wiccans ou des néo-païens pour qui la construction du réseau segmenté — polycentrique — intégré, développée par Luther Gerlach et Virginia Hine, est le modèle le plus approprié. Virtuellement tous les pratiquants (militants à l’intérieur du mouvement) ou les adhérents au mouvement occulte moderne sont véhémentement opposés à une forme quelconque de contrôle totalitaire et, comme le mouvement New Age en général, optent pour une exégèse pleinement individuelle. Conme Margot Adler l’explique clairement dans son Drawing Down the Moon, l’investigation à l’intérieur de la doctrine ou même de la croyance dans le paganisme moderne aux États-Unis n’est pas un problème capital dans le mouvement. Qui plus est, en distinguant le néo-paganisme de l’occultisme la fédération païenne britannique notait dans sa publication Le Wiccan (fév. 1990 – n° 95) :

« L’occultisme est l’étude des mystères cachés qui se trouvent derrière le monde manifeste (ou c’est ce que les occultistes pensent). Et Wicca — sorcellerie moderne — est elle-même un passage mystérieux, conduisant au savoir du monde sacré. Ainsi les sorciers sont des occultistes d’une sorte particulière, bien que la plupart des occultistes ne soient pas des sorciers ou en vérité disciples de n’importe quelle tradition particulière … De toute manière, Wicca, en tant que passage mystérieux fait partie d’une vaste tradition païenne en Europe, la religion première de cette partie du monde où l’on trouve des formes organisées comme le Druidisme, la religion d’Odin et la religion secrète des herbalistes médiévaux. Le paganisme ‘per se’ est une religion vaste et générale, non un passage de mystère et beaucoup de païens — sinon tous — ne sont pas organisés ni ne désirent l’être dans aucun groupe ou secte de mystère. »

Prudence Jones, qui a écrit cet article, insiste sur le fait que beaucoup de païens ne s’intéressent pas à l’occultisme et qu’ainsi dire que le paganisme est une branche de l’occulte est faux d’évidence. Dans cette optique, le néo-paganisme est encore plus éloigné d’une quelconque association avec le satanisme et ses formes organisées.

Aux États-Unis, comme 1992 marque le 300e anniversaire du procès des sorcières de Salem, la « sorcière officielle » Laurie Cabot, espère utiliser le tri centenaire pour rappeler aux gens que Wicca est une religion positive qui n’a rien à voir avec le satanisme ou une magie négative (Circle Networks News, Autonme 1991 : 6). L’alliance de l’esprit païen aux États-Unis permet seulement l’adhésion à ceux qui sont en accord avec son engagement envers la spiritualité païenne, dans lequel les aspects positifs de l’orientation païenne sont soulignés — ce qui le distingue fondamentalement des complaisances purement égocentriques adoptées par exemple par l’Église de Satan d’Anton La Vey. Finalement dans son pamphlet Dix-neuf siècles de fautes (1987), l’écrivain païen Nigel Pennik conclut sur une définition du paganisme comme « la religion naturelle de la Grande-Bretagne » :

« Le paganisme indigène a de nombreux sympathisants partout en Grande-Bretagne et quelques groupements importants comprennent les disciples d’Odin et des Druides, lesquels se rencontrent pacifiquement sur les lieux saints encore existants lors de festivals annuels traditionnels pour célébrer des rites d’adoration, honorer et fraterniser avec les dieux de la terre et du Cosmos. L’harmonie avec leurs compagnons, avec les dieux et l’ordre naturel est l’essence même de la pratique de la spiritualité païenne. Le paganisme nordique indigène n’a absolument aucun rapport avec les religions autoritaires, doctrinales, qui naquirent en d’autres terres.

Chacun a le droit et la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ceci comprend la liberté de changer sa religion ou ses croyances, et la liberté, soit seul ou en communauté avec les autres, et en privé ou en public de manifester sa religion ou ses croyances par l’enseignement, le culte et l’observance. »

Note :

[1] Selon Gérald Larue ( Le Surnaturel l’Occulte et la Bible, 1990, 97), parmi les principales divinités de la sorcellerie, on trouve le « cornu » qui n’est pas le diable (quoique, grâce à l’Église, une telle identification ait été faite et le diable est représenté dans quelques aspects de la sorcellerie), mais représenté Pan ou d’autres symboles de la nature.

2 commentaires sur “Satanisme, Wicca et néo-paganisme”

    1. Je le crains : – ) Mais je précise que ce n’est pas ma traduction. J’ai récupéré ce passage dans un livre, car il soulève quelques questions intéressantes.

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