David Myatt par Nicholas Goodrick-Clarke | Rat Holes 1

David Myatt par Nicholas Goodrick-Clarke

 

À titre informatif, voici le passage consacré à David Myatt par l’historien Nicholas Goodrick-Clarke dans son ouvrage Soleil Noir : Cultes aryens, nazisme ésotérique et politiques de l’identité, dont la traduction française est parue chez Camion Noir en 2007.

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Le principal représentant du satanisme nazi en Grande-Bretagne est David William Myatt, dont la pensée eut une influence majeure sur ce culte international. Né en 1952, Myatt a grandi en Afrique de l’Est et à Singapour, où les arts martiaux l’ont fasciné. En 1967, Myatt est arrivé en Angleterre pour terminer ses études secondaires, alors que son père retournait en Afrique. Le jeune Myatt rejoignit des groupes secrets londoniens qui pratiquaient la magie de la Golden Dawn et d’Aleister Crowley. À cette époque, les activités d’Anton LaVey et de l’Église de Satan connaissaient un retentissement important. Pourtant, Myatt n’était pas impressionné par ce qu’il voyait comme un rituel magique et occulte. Il cherchait quelque chose de plus excitant, plus dangereux et authentiquement diabolique. Au même moment, il se mit à considérer le satanisme comme un moyen de créer un nouvel individu sans peur, un type humain plus élevé, au sens nietzschéen.

En 1969, Myatt découvrit le British Movement (BM) fondé par Colin Jordan l’année précédente. Alors qu’il se rendait à un temple magique, il tomba sur une rixe déclenchée par un rassemblement de skinheads. Toujours à la recherche d’aventures et de défis, Myatt se sentit tout de suite attiré par la camaraderie de ces jeunes combattants engagés dans un combat contre des manifestants de gauche supérieurs en nombre. Il rejoignit le mouvement et participa régulièrement aux rassemblements et aux réunions du BM, jouant à l’occasion le rôle de garde du corps de Colin Jordan. Myatt fut impressionné par les écrits de Jordan sur le national-socialisme, et celui-ci lui fit découvrir les livres de Savitri Devi, notamment The Lightning and the Sun, qui le captiva avec son élégie des valeurs nazies. Pour lui le nazisme et le satanisme étaient tous deux représentatifs du dépassement de soi nietzschéen et de la création d’un type de guerrier solide et sans peur : « Pour moi, à cette époque, Adolf Hitler et son mouvement semblaient incarner certains des idéaux que je croyais pouvoir atteindre par la magie : ils semblaient représenter un esprit satanique, un besoin urgent de conquérir, découvrir… une personnalité hors normes, avec du dynamisme et du charisme. »

En 1970 après avoir terminé ses études secondaires, Myatt s’est inscrit en physique à l’université de Hull, puis il a déménagé à Leeds, où il a continué à soutenir le BM. En janvier 1974, il émergea sur la scène de l’extrême droite avec la formation de son propre groupe radical, le National Democratic Freedom Movement (NDFM), avec Joe Short et Eddie Morrison. À partir du mois d’octobre de la même année, le NDFM publia brièvement un bulletin mensuel, British News, qui portait les sous-titres « Pour la race et la nation » et « Le journal du pouvoir blanc ». Sa propagande était vulgairement raciste et antisémite, et les membres du NDFM furent impliqués dans une série de violentes agressions contre des gens de couleurs et des gauchistes. Durant cette époque, Myatt écrivit de la propagande, organisa des réunions et des rallyes, et parla régulièrement en public. Il fut arrêté deux fois dans des combats de rue et fut jugé pour troubles à l’ordre public, écopant à chaque fois de six mois de prison.

L’activité de Myatt dans les marges politiques de l’extrême droite allait de pair avec son implication profonde dans les arts noirs. En 1973, il rencontra une femme qui dirigeait l’ONA, un petit groupe sataniste-wicca dont les traditions et les pratiques éveillèrent son intérêt. L’ONA affirmait descendre du culte voué à une déesse sombre et violente ayant régné en Albion (Angleterre) dès 4000 av. J.-C. Religion païenne de la nature, ses rituels étaient liés au flux et au reflux des énergies cosmiques, à la montée de certaines étoiles au printemps et à l’automne, et les cérémonies étaient célébrées dans des cercles de pierre. À partir de ces origines néolithiques supposées, le culte avait décliné en raison de l’avènement du christianisme, jusqu’à devenir clandestin et pratiqué par une poignée d’individus depuis le Moyen-Âge, en particulier au Pays de Galles, lieu supposé de ses origines préhistoriques. L’histoire moderne de l’ONA a commencé dans les années 1960, lorsque cette femme a fondé un nouvel ordre en unissant trois obscurs cultes néopaïens appelés Camlad, The Noctulians et Temple of the Sun.

Suite au départ du leader du groupe pour l’Australie, Myatt prit la direction de l’ordre et s’attela à la tâche consistant à codifier ses enseignements dans un système complet d’initiation et d’entraînement. Ses premiers rituels pour l’ONA incluaient une messe satanique qui invoquait Adolf Hitler en tant que sauveur noble, dans une forme de « blasphème positif ». Les autres pratiques de l’ONA utilisaient des vibrations sonores cristallines, connues sous le nom de Chant ésotérique, des supplices physiques, des tâches dangereuses et des entreprises ardues destinées à développer la personnalité et la capacité à diriger. Les cérémonies comprenaient des actes magiques basés sur l’Arbre du Wyrd, symbole des correspondances astrologiques et alchimiques entre la psyché individuelle et l’ordre naturel. Entre 1976 et le début des années 1990, Myatt a écrit plus de dix livres de rituels pour l’ONA, dont The Black Books of Satan, The Deofel Quartet, Naos, Hostia et Hysteron Proteron. À partir de 1988, l’ONA a également édité un périodique, Fenrir, nommé ainsi d’après le loup de la mythologie nordique.

Myatt rejette l’organisation quasi religieuse et les pitreries cérémoniales de l’Église de Satan, du Temple de Set et des autres groupes sataniques. Il croit que le satanisme traditionnel va bien plus loin que le principe de plaisir et suppose la difficile réalisation de la maîtrise de soi, du dépassement de soi au sens nietzschéen, et finalement, de la sagesse cosmique. Sa conception du satanisme est pragmatique, avec un accent mis sur le développement personnel dans les royaumes des ténèbres et du danger, au travers d’actes de bravoure concrets, d’épreuves d’endurance et de risques pour la vie. La nature est considérée comme le théâtre de forces chaotiques immorales – la lumière comme les ténèbres -, qui dirigent l’évolution par le conflit, le combat, la mort et la survie. Le vrai sataniste doit ainsi transcender ses propres limites dans le monde causal et physique pour établir un contact direct avec la sphère suprapersonnelle des forces cosmiques acausales et sombres. L’accès au royaume acausal se fait grâce à des « nexions », des ponts ou des angles de l’Arbre de Wyrd. Ces nexions naissent d’actes diaboliques et de rituels blasphématoires.

Dans son enseignement du dépassement de soi, Myatt assure que le mot « evil » dérive du terme gothique « ubils », signifiant « aller au-delà des limites ». Il affirme que le satanisme requiert la réalisation d’actes généralement considérés comme interdits, illégaux et diaboliques, lorsque l’initié doit faire l’expérience des royaumes amoraux et acausals des forces sombres. Un exemple de cet enseignement de l’ONA est la pratique du sacrifice humain en tant que forme d’initiation et de rejet de la morale humaine. Myatt est l’auteur de directives concernant la sélection et le test des « opfers » (victimes) avant leur exécution rituelle. Un tel « massacre humain » est censé renforcer le contact du sataniste avec les forces sombres acausales, car la guerre, le meurtre et les effusions de sang présentent une valeur puissante, sinistre et évolutionniste. D’après lui, les victimes choisies sont déjà vilipendées par la société, mais le fait qu’il mentionne les chrétiens et les journalistes comme candidats potentiels suggère le contraire. Le sacrifice humain est lié à la tradition préhistorique de l’ONA, selon laquelle les victimes étaient offertes pour s’attirer les faveurs de la déesse Baphomet au moment de l’équinoxe de printemps et de la montée de l’étoile Arcturus à l’automne. Le fait que Myatt ait défendu le sacrifice humain lui a valu des échanges acrimonieux et des condamnations de la part d’Aquino et d’autres, ceux qui cherchaient à rendre le satanisme socialement acceptable.

L’ONA possède une hiérarchie graduée – le Chemin septuple – inventée par Myatt pour l’entraînement des satanistes. Le Néophyte se concentre sur la littérature de l’Ordre et le développement personnel. L’initié choisit un compagnon magique du sexe opposé et pratique le système des sphères et des chemins de l’Arbre de Wyrd décrit dans le livre rituel Naos. Ce système s’inspire de l’Arbre de la Vie cabalistique que Myatt a découvert dans les cérémonies magiques de la Golden Dawn. Le Jeu des étoiles, un système tridimensionnel de correspondances occultes, est utilisé pour la réalisation magique de désirs et d’objectifs spécifiques. Des tests de résistance et d’endurance physique développent la détermination et la vitalité. Dans l’étape suivante de l’initiation, l’Adepte du dehors est censé fonder son propre groupe magique et en assumer la direction pour développer son autorité sur les autres disciples. La manipulation des autres, le pouvoir, le sexe et les plaisirs matériels sont expérimentés au travers de pratiques actives. En tant qu’Adepte du dedans, le sataniste étudie et s’entraîne au Chant ésotérique, et pratique une forme avancée du Jeu des étoiles. Le grade de l’Abîme implique un rituel de retraite, consistant à vivre totalement seul dans un endroit isolé durant trois mois, avec des aliments de base et un abri rudimentaire. Les trois plus hauts grades sont Maître du Temple/ Maîtresse de la Terre, Mage et Immortel(le).

Comparés à la nature éclectique du satanisme américain, beaucoup d’idées et de rituels de l’ONA rappellent la tradition de la wicca et du paganisme. La fréquente référence au « wyrd », terme anglo-saxon pour la destinée, est le signe d’une tradition préchrétienne, où le rythme des saisons est souligné par des cérémonies tenues aux équinoxes et lors d’évènements astronomiques. On attribue la transmission orale de ces rites à quelques individus appartenant aux communautés rurales. Les sites des cérémonies préhistoriques, surtout dans le Shropshire et l’Hereforshire, sont très prisés pour l’organisation des « pèlerinages noirs ». Dans ses écrits sur le « satanisme traditionnel » de la population rurale au XIXe siècle, Myatt évoque un monde de sorcières, de paysans sorciers hors-la-loi, d’orgies et de sacrifices sanglants, dans les hameaux isolés de cette région où il a vécu à partir du début des années 1980.

Portrait de David Myatt par Richard Moult
Portrait de David Myatt par Richard Moult

L’« éonique » est une forme de magie propre à l’ONA dédiée à l’histoire et à la politique. Les idées de Myatt sur ce sujet sont inspirées de la lecture d’Étude de l’histoire de l’historien Arnold Toynbee, où il affirme que chaque civilisation passe par un cycle organique de croissance, de défi, de maturité et de déclin. Adaptant ce schéma à sa vision magique du monde, Myatt fait d’un « éon » la manifestation temporelle de l’énergie acausale exprimée dans les archétypes particuliers et les cultes religieux de chaque civilisation. Suivant l’analyse de Toynbee, Myatt voit une périodicité commune dans les civilisations d’Égypte, de Sumer, du monde hellénique, de l’Inde, du Japon, de la Chine et de l’Occident. Chaque civilisation vit entre 1500 et 1700 ans. Après environ 800 ans de croissance, chaque civilisation est confrontée à un défi qui génère une période de troubles, laquelle dure entre 398 et 400 ans. L’étape finale, caractérisée par un régime impérial et militaire, dure au plus 390 ans, après quoi la civilisation s’écroule. L’État universel – ou Imperium – de l’Occident, que Myatt associe au retour du nazisme, doit commencer entre 1990 et 2011 et durer jusqu’en 2390 apr. J.-C.

Cet avenir impérial est compromis par l’intrusion d’une énergie magique étrangère et hostile aux archétypes de l’éon de l’Occident. Myatt emprunte les notions d’« âme des mages » d’Oswald Spengler et de « distorsion culturelle » juive de Francis Parker Yockey. L’interférence des « mages » dans une culture faustienne a abouti à une inversion des attitudes héroïques, confiantes et vigoureuses, jusqu’à l’adoption de sentiments et d’idées basés sur l’anxiété, la culpabilité et la déférence envers les inférieurs. Myatt affirme que l’éthos « nazaréen / mage » a produit la foi et le dogme chrétien, les abstractions morales et politiques plutôt que l’engagement dans l’action et l’expérience réelle du monde. Cet esprit soi-disant négatif aurait influencé de façon morbide la civilisation occidentale : « Cette entité pionnière, imprégnée de valeurs élitistes exaltant la voie du guerrier (et par là même garantissant une « moralité de maître »), est devenue essentiellement névrosée, introvertie et obsédée. » « Le dogme d’égalité raciale », « l’imposture de la démocratie » et « le mythe de l’holocauste », ainsi que l’humanisme, le communisme et le capitalisme : voilà ce qu’il définit comme les archétypes nazaréens (chrétiens) s’opposant à l’accomplissement de la destinée de l’Occident en tant qu’Imperium.

Dans sa prophétie de l’Imperium, Vindex the destiny of the West (1984) publiée par George Dietz de Liberty Bell, Myatt approuve Yockey quand il dénonce le rôle de la juiverie moderne en Europe et en Amérique. Le communisme marxiste et la psychologie freudienne, la montée des sciences sociales, l’abstraction et la laideur de l’art moderne, la musique atonale et la contre-culture des années 1960, ont deux facteurs communs : tous directement ou indirectement contredisent l’éthos faustien et assertif de l’Occident, et tous sont des créations juives, « dernière représentation de l’âme dégradée des mages. » Myatt affirme que les « éoniques » peuvent s’opposer à ce courant. En utilisant un rituel satanique pour canaliser l’énergie acausale et sombre vers le présent politique, Myatt cherche à détruire les valeurs et les archétypes nazaréens. Le christianisme et la décadence des mages s’estomperont. Le retour aux anciennes et véritables valeurs de l’Occident verra l’arrivée d’un Vindex, une figure de César vengeur (qui évoque le Kalki de Savitri Devi), lequel établira l’Imperium. Au-delà de cette ère existe un nouvel éon galactique, une époque d’aventure prométhéenne impliquant voyages spatiaux et colonisation interstellaire.

Selon Myatt, les mouvements fascistes de l’entre-deux-guerres annonçaient les adeptes du chemin de la main gauche (c’est-à-dire les satanistes) qui doivent stopper les formes nazaréennes, fonder un empire satanique et accomplir le Wyrd de l’Occident. « Du point de vue ésotérique, l’Allemagne nationale-socialiste fut une expression concrète de l’esprit satanique : menée par Hitler qui savait utiliser l’énergie acausale et l’amener sur Terre pour atteindre des buts politiques, l’Allemagne nationale-socialiste était une explosion de lumière luciférienne dans un monde nazaréen, pacifié et ennuyeux. » Le IIIe Reich fut un tel affront à la domination nazaréenne qu’on dut le « déraciner de la psyché occidentale » en inventant le mythe chargé de culpabilité de l’Holocauste. Mais Myatt affirme que la période de domination nazie a ouvert un nexion d’influence acausale et sombre. Son énergie archétypale a été stockée et attend une prochaine utilisation. D’où la fascination satanique de Myatt pour Hitler et son engagement dans le British Movement de Jordan.

La révolution néonazie est le catalyseur de l’Imperium et du nouvel éon. En utilisant les termes de Toynbee, Myatt voit dans les immigrants de couleur une vaste « horde barbare » empiétant sur les territoires de la civilisation occidentale. Cependant, il considère les skinheads comme des « barbares de l’intérieur » qui s’opposent à la présence des immigrants et forment des groupes de guerriers et des clans prêts à défendre leur territoire. Ces « jeunes Aryens » rejettent la morale libérale-bourgeoise et ses modes de vie. Les clans skinhead ont la capacité de détruire ce qui s’apparente au déclin, et de précipiter un nouveau commencement. Pour Myatt, les groupes de metal nazis et skinheads sont « parmi les meilleurs de notre race, de vrais guerriers qui « pensent avec leur sang ». »

À partir de la fin des années 1970, Myatt a soutenu le développement de plusieurs temples ONA en Grande-Bretagne, depuis sa base du Norfolk. Sa propre vie connut des périodes de vagabondage et d’autres épisodes violents durant lesquels il fut mercenaire dans une guerre africaine, s’impliqua en Ulster et fut recruté comme tueur à gages. Cependant, sa recherche spirituelle le mena vers diverses expériences : il fut novice dans un monastère bénédictin en Grande-Bretagne, étudia le Coran en Égypte, ainsi que le taoïsme et les arts martiaux, et fut membre de la Buddhist Society. Il a publié de petits recueils de poésie consacrée à la vie sur la route et à ses expériences de l’amour et de la guerre. L’éthos païen et guerrier de la Grèce antique est également présent dans sa pensée, et il est l’auteur de traductions originales d’Homère, de Sophocle et d’Eschyle. En 1983, après son mariage et son installation à Church Stretton, dans le Shropshire, il tenta de fonder une communauté rurale conforme au « Vanguard Project » de Colin Jordan , et à l’utopie néonazie présentée dans Gothic Ripples. Étant donné la nature secrète de l’ONA, il est difficile d’estimer le nombre de ses membres et son influence. Cependant, sa structure cellulaire a favorisé sa croissance et a attiré de jeunes cadres. En 1990, Myatt a fait d’un certain Christos Beest son successeur, afin de pouvoir se consacrer à un néonazisme plus actif. Il est possible que l’ONA ait fourni des recrues, surtout jeunes et violentes, aux nouveaux groupes politiques de Myatt.

David Myatt est redevenu actif sur la scène néonazie dans les années 1990, en s’associant avec Combat 18 et la National Socialist Alliance, situés à l’extrême de l’extrême droite britannique. En 1993, il se mit à publier la collection National Socialist Series chez Thormynd Press, qui comprend à ce jour 15 pamphlets consacrés à des thèmes comme « la noblesse », « la sagesse », « le sacré », « l’illumination », « la religion », ainsi que « la sainte guerre révolutionnaire » du national-socialisme. La « révélation divine » de Hitler, « le peuple et la patrie », une vie traditionnelle enracinée dans le sol et la nature reflètent « l’honneur, la loyauté et le devoir » du national-socialisme, qu’il oppose à la vie des consommateurs isolés dans une société libérale et capitaliste. En plus de cet appel aux racines et à une communauté organique, Myatt rêve toujours d’un Imperium autoritaire et militaire dirigé par Vindex, qui serait suivi de la conquête et de la colonisation de lointaines planètes situées dans d’autres galaxies.

Au début de l’année 1995, Myatt se mit à publier The National-Socialist, un bimestriel consacré au combat de tous les individus aryens pour leur survie contre l’assaut des races inférieures soutenues par les maîtres libéraux. Le culte de Hitler, l’élitisme et le nationalisme racial s’y mêlent à un appel apocalyptique pour une révolution armée contre ce que Myatt considère comme une société consumériste, multiraciale et multiculturelle. Le périodique soutenait la National Socialist Alliance et sa politique visant à créer une « patrie aryenne ». En s’adressant aux groupes skinheads et à Blood and Honour, Myatt appelait à une sainte guerre raciale contre les envahisseurs nègres et asiatiques de « notre patrie aryenne ». Tous les gens de couleur sont considérés comme une force d’invasion soutenue par le Gouvernement d’occupation sioniste (ZOG), terme par lequel les racistes américains désignent le « système » haï : « Nous devons combattre les envahisseurs non aryens qui se sont installés sur nos terres. Nous devons combattre les traîtres qui ont trahi notre race. Nous devons combattre ceux qui fraternisent avec les envahisseurs. Nous devons combattre quiconque se situe du côté de nos ennemis et renforce les lois anti-aryennes de l’ennemi. »

9782910196653En 1996, Myatt a monté une secte nazie militante appelée le Reichfolk. Basée à York, en Angleterre, cette organisation visait à créer une nouvelle élite aryenne, « la légion d’Adolf Hitler » et préparer la voie pour un nouvel âge d’or, pour « remplacer le présent dégoûtant, décadent, avec ses valeurs déshonorantes, et ses individus faibles et déshonorants. » Ses guerriers doivent être préparés à affronter l’emprisonnement et la mort. Ils doivent se sentir chez eux avec leurs camarades, dans les casernes comme sur le champ de bataille. Une autre série de pamphlets est consacrée à la « révolution aryenne », aux opérations clandestines et aux armes. Reichfolk publie un journal, Das Reich, baptisé d’après la 2e Division SS de l’armée nazie et qui vise à l’émulation de l’éthos SS : « le guerrier aryen, fier, sain, conscient des questions raciales. » Myatt fulmine contre la crise environnementale planétaire : la majorité de l’humanité est qualifiée d’« inutile » et d’« infestation parasite » qui pille et spolie la planète, la nature elle-même et l’évolution sont en péril. Les Aryens supérieurs doivent se libérer des maladies que sont le christianisme, le pacifisme, le libéralisme et le socialisme multiracial – tous dogmes anti-évolutionnistes et contraires aux lois de la nature – et prospérer aux dépens des inférieurs. La population britannique doit être réduite et passer de 55 à 10 millions de personnes et son surnombre blanc doit se lancer dans une nouvelle conquête aryenne mondiale.

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Extrait de Soleil Noir : Cultes aryens, nazisme ésotérique et politiques de l’identité, Nicholas Goodrich-Clarke, Camion Noir, 2007. Acheter cet ouvrage.

4 commentaires sur “David Myatt par Nicholas Goodrick-Clarke”

  1. Bonjour et merci pour cet excellent article.
    J’ai une question. Je maîtrise mal les termes Causal et Acausal, très souvent utilisés dans l’article. Pourriez vous m’éclairer ?
    Merci par avance.

  2. Merci pour votre retour rapide. C’est quand même un vrai casse tête les termes utilisés.
    Une autre recherche non aboutit , le sigil mentionné dans le « Codex Aristarchus » « sigil of drakon », n’apparaît pas dans l’ouvrage, c’est dommage ! Auriez vous une piste le concernant ?
    Merci.

    1. Renseignements pris : c’est celui qui figure sur la couverture du Codex. L’auteur a dû considérer qu’il était inutile de le remettre.

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